SAINT FRANÇOIS de LAVAL (canonisé par le Pape François le 3 avril 2014)
La vie et les initiatives de François de Laval, premier évêque de Québec et de toute la Nouvelle-France, nous le font apparaître comme un modèle pour l'évangélisation du monde moderne.

 

Un homme qui a fait l'expérience de Dieu


François de Laval est né le 30 avril 1623 dans une grande famille de la noblesse française. Devenu héritier du titre familial suite à la mort de son père et de ses frères aînés, il renonce à ces honneurs pour se donner à la mission telle que perçue au cours de son éducation chez les Jésuites. À quatorze ans, il est accepté dans la Congrégation mariale du Collège de La Flèche où il s'initie aux bases de la vie spirituelle et est sensibilisé aux missions en Nouvelle-France. Après son ordination sacerdotale, il adhère à la Société des Bons Amis. Cette association lui permet d'approfondir sa recherche de Dieu dans la prière et l'ascèse, la mise en commun des biens et l'engagement auprès des pauvres. L'influence spirituelle d'un laïc, M. de Bernières, est déterminante et lui inspire de se vouer entièrement à l'oeuvre d'évangélisation dans les pays lointains. À ce moment, il fréquente aussi de grands réformateurs spirituels comme Vincent de Paul et Monsieur Olier. À la recherche d'un évêque pour les missions du Canada, il est compréhensible qu'on ait pensé naturellement à cet homme de forte personnalité, de grande piété et entièrement donné à Dieu.

Cette impression, il la reflète sur son entourage dès son arrivée en Nouvelle-France en 1659, de sorte que Marie de l'Incarnation, la supérieure du monastère des Ursulines arrivée déjà vingt ans avant lui écrit: « C'est un homme saint, le père des pauvres et du public. C'est un seigneur de la maison de Laval qui s'est donné à Dieu dès sa jeunesse. Le Roi l'aime beaucoup pour son mérite et ses qualités. Sa Majesté voulait le retenir en France, mais l'amour que ce bon prélat porte à cette nouvelle Église a fait qu'il a supplié pour y revenir. »

Un missionnaire infatigable


Sitôt arrivé à Québec, le nouvel évêque entreprend de connaître ses fidèles. Les visites pastorales qu'il effectue de Gaspé à Montréal, à pied, en canot ou en raquettes l'hiver, lui font prendre conscience des besoins de son peuple. Les colons comme les dirigeants, les Amérindiens comme les Français sont l'objet de sa sollicitude. À l'annonce d'une nouvelle fondation missionnaire, les Jésuites témoignent: « Sitôt que Monseigneur l'Évêque de Pétrée eut appris le dessein que nous avions de commencer cette Mission (au lac de la Nation maritime et au lac Supérieur), on ne peut croire combien il y parut affectionné. »

Soucieux d'établir une Église qui se perpétue à la grandeur de l'Amérique, il prévoit la mise en place des institutions requises pour une Église naissante. D'abord il soutient les trois grandes communautés déjà présentes pour l'éducation (les Jésuites et les Ursulines) et pour la santé (les Augustines) et les entoure de sa bienveillance. Il donne son approbation à des initiatives nouvelles fondées à Montréal, par Marguerite Bourgeoys pour l'éducation et Jeanne Mance pour les soins de santé. Enfin, il fonde le Séminaire de Québec pour la formation du clergé local qui s'occupera de propager la foi chrétienne dans tous les recoins connus de son vaste diocèse. Il ajoutera pour les jeunes le Petit Séminaire et l'école d'arts et métiers de Saint-Joachim.

Sa préoccupation d'une foi vivante chez toutes les catégories de fidèles lui inspire d'autoriser la création de différentes associations de formation chrétienne et de piété. Comme soutien spirituel aux familles, il appuie particulièrement la fondation de la Confrérie de la Sainte Famille. Cette dernière est toujours vivante à la paroisse cathédrale Notre-Dame-de-Québec.

Mgr de Laval est aussi sensible à la beauté de la liturgie. Malgré les modestes moyens financiers de la colonie, il n'hésite pas à investir dans de grandes manifestations religieuses au point que les Amérindiens éblouis le surnomment « l'homme de la grande affaire ». En 1664, il consacre la petite église locale érigée par les colons de Québec avant son arrivée comme la première église paroissiale de son diocèse et en fait sa cathédrale en 1674.

Une inspiration pour l'Église d'aujourd'hui


François de Laval fut évêque à une époque de grands changements sociaux et religieux. La découverte du Nouveau Monde provoque alors tous les espoirs mais aussi toutes les utopies et elle attire les saints comme les aventuriers. Au plan religieux, suite aux événements de la Réforme protestante, l'Église avait tenu un concile important, le concile de Trente. Cette réforme exigeait un renouveau important dans la vie de l'Église comme il en est pour nous depuis le concile Vatican II.

Influencé par le concile de Trente, François de Laval s'est fait pour son époque l'instigateur d'une Église communautaire et missionnaire. Toute sa vie et ses écrits en témoignent. Dans une lettre qu'il adressait en 1668 à des missionnaires sulpiciens, il donne les conseils suivants: « Qu'ils tâchent d'éviter deux extrémités qui sont à craindre en ceux qui s'appliquent à la conversion des âmes: de trop espérer ou de trop désespérer. Ceux qui espèrent trop sont souvent les premiers à désespérer de tout à la vue des grandes difficultés qui se trouvent dans l'entreprise de la conversion des infidèles, qui est plutôt l'ouvrage de Dieu que de l'industrie des hommes. Qu'ils se souviennent que la semence de la parole de Dieu porte son fruit dans la patience... »

François de Laval est décédé le 6 mai 1708. Il a été proclamé bienheureux par le pape Jean-Paul II le 22 juin 1980. Puissions-nous nous laisser inspirer par la vie, les exemples et les conseils de ce grand évêque dans les moments d'incertitude qui accompagnent les grands tournants de la vie de l'Église.

+ Jean Gagnon,

évêque auxiliaire de Québec



 F de Laval