Du 19 au 26 septembre 2022, Limonest 

La solitude poursuit bien son cours et les activités se déroulent normalement suivant le programme établi. Cette quatrième semaine qui s’achève est marquée par deux interventions qui se sont agréablement suivies. D’une part, le Père Yaroslaw Kaufmann de la Province du Canada et directeur du collège canadien à Rome nous a plongés dans l’univers de la Bible pour nous faire découvrir l’importance de la Parole de Dieu dans le ministère sulpicien, la signification profonde de la lectio divina, son importance et sa pratique dans la vie quotidienne. D’autre part, le Père Martin Burnham venu des États-Unis nous rejoindre dans la journée du jeudi, a commencé avec nous le vendredi la session sur la dimension multiculturelle de la formation intellectuelle. Nous n’avons pas l’intention, dans ce rapport, de revenir sur les activités quotidiennes habituelles décrites dans les rapports précédents, activités déjà parfaitement intégrées dans la vie ordinaire des Solitaires. Nous visons essentiellement à donner quelques grandes lignes des deux sessions que nous avons eues et décrire, en quelques mots, l’ambiance qui prévaut ici à Limonest où le froid commence par se faire ressentir.


1- La lectio divina et l’importance de la Parole de Dieu


solitude 2022 24En guise d’introduction à la première session, le Père Kaufmann en qui nous avons découvert un passionné des Écritures, nous a pédagogiquement amenés à comprendre la signification profonde de la lectio divina en partant de deux textes bibliques qu’il a mis en parallèle : le récit de la tentation de Jésus en Mathieu 4, 1-11 et celui de la tentation d’Adam et Ève en Génèse3,1-12. Cet exercice si passionnant qui a dessillé nos yeux sur bien d’autres aspects de ces deux textes qu’on n’avait pas jusque-là perçus nous a fait comprendre la lectio divina comme une pratique qui nous apprend à voir dans la lecture des Écritures plus que ce que nous pensons savoir ou connaitre. Aussi, Faire la lectio divina, c’est apprendre à réentendre la Parole de Dieu, cette Parole qui nous lit et par quoi se projette dans notre vie la lumière de l’Esprit-Saint. Il s’agit, dans cette pratique, de se laisser former par la Parole que nous lisons et non d’y chercher des informations, nous a précisé le Père Bibliste. Elle nous conduit à Dieu et nous permet de découvrir la relation que ce Dieu aimant a pour nous et aussi celle que nous avons pour lui en retour.


Le Père Kaufmann a, ensuite, développé le rôle primordial de l’Esprit-Saint, l’agent principal de cette pratique spirituelle. Il a beaucoup insisté sur cet aspect en nous invitant à nous abandonner et à nous laisser conduire par l’Esprit-Saint chaque fois que nous entreprenons de faire la lectio divina. Cette compréhension de la lectio divina nous a conduits à la percevoir non plus comme une source d’informations par la lecture des Écritures mais comme un véritable moyen de formation. Il s’agit de se laisser former par la Parole que l’on lit et qui nous découvre à nous-mêmes dans notre relation à Dieu et aux autres. À travers la structure de la célébration eucharistique, nous avons découvert, enfin, les quatre étapes qui composent la lectio divina : La lectio, la meditatio, l’oratio et la contemplatio. Le Père Bibliste nous a expliqué chacune de ces quatre composantes de la lectio divina en se référant à Guigue II le Chartreux qui les a définies à partir de sa propre expérience. Pour lui, « la lecture est l’étude attentive des écritures, faite par un esprit appliqué. La méditation est une opération de l’intelligence, procédant à l’investigation studieuse d’une vérité cachée, à l’aide de la raison. La prière est une religieuse application du cœur à Dieu pour éloigner des maux et obtenir des biens. La contemplation est une certaine élévation en Dieu de l’âme attirée au-dessus d’elle-même et savourant les joies de la douceur éternelle ». (cf Source Chrétienne 163, p. 84).


solitude 2022 25 bis 1Dans un second temps, le Père Kaufmann nous a fait l’historique de la lectio divina en montrant, toujours à partir des Écritures (Ne 8, 1-18), comment la pratique existait dans la relation du peuple d’Israël avec son Dieu. Il en a profité pour nous montrer l’importance de la parole qui était le moyen de transmission de l’histoire de ce peuple de génération en génération. « Même dans l’exil la seule chose qui restait au peuple d’Israël c’était la parole », a-t-il dit. Ensuite il a montré comment la pratique s’est développée dans le Christianisme en partant de quelques passages des évangiles : Lc 24, 13-35 ; Mc 10, 46-52. Tout cet exercice d’interprétation et de compréhension qui doit tenir compte de la Bible dans son ensemble et de la culture juive qui est le contexte de sa rédaction, nous a apporté bien de compréhensions sur la lectio divina. Nous avons appris à aller au-delà des mots pour rejoindre leurs significations profondes. Tous, nous étions heureux de ces quatre jours passés avec le Père Yaroslaw Kaufmann qui restera avec nous jusqu’à lundi avant de retourner à Rome.

 


2- La dimension multiculturelle de la formation intellectuelle.

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Pour cette seconde session, la présence de Monseigneur Gendron a été pour nous d’une grande importance. Car, le Père Martin a donné ses enseignements en Anglais. La traduction a été admirablement faite par Monseigneur Gendron qui a été présent avec nous du début jusqu’à la fin. À vrai dire nous n’avons pas senti cela comme un obstacle.


Les enseignements du Père Martin ont été bien reçus par les Solitaires qui ont d’ailleurs posé beaucoup de questions sur des différents aspects du thème très actuel de la multiculturalité dans la formation intellectuelle qui est l’objet de cette session.

En guise d’introduction à cette session, le Père Martin nous a aidés à remarquer les formateurs et professeurs qui nous ont marqués dans notre cursus académique et à relever les points que nous avons admirés chez eux. De cet exercice qui traduit la volonté du communicateur de nous faire participer à son enseignement, nous avons identifié la présence, l’humilité et la capacité à se laisser enseigner par ses étudiants comme des qualités majeures qui marquent les étudiants dans leurs expériences. Abordant, ensuite, le thème de la multiculturalité, le Père nous a exhortés à être attentifs en tant qu’enseignant pour découvrir chez nos étudiants les différences de comportements qui peuvent s’expliquer par la différence de culture. Dans ce sens, il a montré l’importance de la connaissance des étudiants dont nous avons la charge, dans leur histoire, leur passé, leur culture afin de mieux les aborder pour les rendre participants de leur propre formation. Évoquant le numero 117 de la Ratio fundamentalis qui invite à unifier les quatre dimensions de la formation, le Père Martin a rappelé le but de la formation intellectuelle. Celle-ci a pour objectif d’unifier notre rapport au Seigneur. C’est une façon de rentrer dans le mystère de Dieu. Elle vise à aider les séminaristes à se situer à l’intérieur de la foi, à participer au mystère de Dieu. Pour cela trois qualités sont absolument nécessaires pour l’enseignant : l’écoute qui aiguise l’attention sur les besoins des étudiants, le dialogue qui favorise l’ouverture et nous éloigne de la tentation de la rigidité ou du fondamentalisme et l’exploration qui exprime la curiosité qui pousse à la recherche pour aller de l’avant dans la compréhension toujours plus améliorée du cours que nous donnons.


Après ces points développés dans les cinq rencontres d’une heure chacune les vendredi et samedi, le Père Martin nous a conduits, ce dimanche matin, à une prise de conscience de la différence entre l’enseignement des enfants, la pédagogie et celui des adultes appelé l’andragogie. Celle-ci est davantage centrée sur la personne qui apprend. Aussi importe-t-il de savoir ses centres d’intérêts, ses questionnements et attentes. Elle favorise une méthode qui amène le sujet en formation à devenir progressivement son propre guide pour se conduire lui-même. Le besoin de connaitre, la façon d’être de l’étudiant lui-même, son expérience, l’orientation vers la connaissance sont des principes fondamentaux de l’andragogie. Nous avons terminé cette session ce dimanche à 10h45 avec les mots de remerciement chaleureux du Père Daniel au Père Martin et à Monseigneur Gendron dont la présence a été pour nous d’un grand secours.

 

3- Un événement d’attention de notre vie communautaire : Mauricio a 45 ans

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Cette semaine s’achève sur une note de fête. Ce dimanche, en effet, notre confrère Colombien Lopez Ramirez André Mauricio célèbre le don de la vie. Fort heureusement, c’est son groupe qui commence les services liturgiques cette semaine. Aussi, a-t-il présidé la messe dominicale de ce matin au cours de laquelle toute la communauté des Solitaires avec les quatre formateurs a prié pour lui et pour ses parents. La célébration s’est poursuivie avec le déjeuner qui a été, à titre spécial, précédé d’un apéritif convivialement pris dans une ambiance fraternelle. On pouvait lire dans la voix de Mauricio et même dans l’expression de son visage toute l’émotion de joie et de bonheur que lui a apporté l’attention particulière dont il a bénéficié en ce jour de grâce et d’action de grâce. C’est dans cette ambiance fraternelle et conviviale que se passe nos activités ici à Limonest où le changement progressif du climat nous amène, nous aussi, à une adaptation vestimentaire afin de ne pas s’exposer au froid. Au total, la solitude se vit dans une grande sollicitude fraternelle et les Solitaires témoignent chaque fois de leur joie de vivre cette expérience. Nous la poursuivons avec joie !

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P. Innocent ATTOUNON