Le 9 février 2018, le P. Jean-Baptiste Mompha, prêtre sulpicien du diocèse de Montpellier, s'est éteint à Toulouse à l'âge de 86 ans. Il a fait don de son corps à la médecine. Deux messes sont célébrées à sa mémoire: une le 15 février à l'Institut Catholique de Toulouse présidée par Monseigneur Robert Le Gall, Archevêque du diocèse et Chancelier de l'Institut, et une le 25 février à Cazouls-les-Béziers, son village d'origine, présidée par Monseigneur Pierre-Marie Carré, Archevêque de Montpellier.


Voici la présentation de son parcours prononcée par le P. Jean-Marc Micas, Supérieur provincial de France lors de ces messes, ainsi que les homélies du P. Jean-Jacques Rouchi (Toulouse) et de Monseigneur Carré (Cazouls).
Présentation par le Provincial de France :


M. Jean-Baptiste MOMPHA, PSS (1931 – 2018)


Le P. Jean-Baptiste MOMPHA est né à Cazouls-les-Béziers le 16 juin 1931. Il aurait donc eu 87 ans cette année.

Après ses études secondaires au collège Saint-Gabriel de Saint-Affrique, en Aveyron, puis au lycée de la Trinité à Béziers, il a préparé et obtenu une licence en droit civil à la faculté de droit de Montpellier de 1950 à 1953. Il a alors 22 ans.

Il a passé ensuite 10 années ici même, au Séminaire Universitaire Pie XI de l’Institut Catholique de Toulouse. Entre 1954 et 1963, il obtient une licence en philosophie scolastique, une maîtrise en théologie et une autre en droit canonique.

Ordonné prêtre pour le diocèse de Montpellier le 2 juillet 1962, il a rejoint la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice l’année suivante.

Prêtre, il est alors devenu formateur de prêtres :

Au Grand Séminaire de Soissons de 1964 à 1967,
Au Grand Séminaire de Reims de 1967 à 1974,
Au Séminaire Universitaire Pie XI de Toulouse de 1974 à 1984, comme membre de l’équipe d’abord, pendant 2 années, puis comme supérieur. Si je peux me permettre un souvenir personnel, c’est pendant cette période que j’ai fait sa connaissance, à partir de septembre 1981. Il avait alors seulement 50 ans.
Outre les 10 années au séminaire universitaire, il est resté longtemps au service de l’Institut Catholique lui-même : comme Secrétaire Général jusqu’en 1994, comme Secrétaire du Centre d’Etudes Africaines de 1986 à 1995, et enfin comme chargé de missions par le Recteur de l’Institut de 1994 à 2001.
Enfin, il a également longtemps mis au service du diocèse de Toulouse et de la Région apostolique ses compétences en droit canonique, comme juge à l’Officialité régionale à partir de 1987.

Très attaché à sa terre de vignes et à sa famille, le P. Mompha n’a jamais vraiment quitté Toulouse. Partageant son temps de retraite entre Cazouls et Toulouse, il s’est finalement retiré à la résidence de retraite des prêtres de Toulouse, la Maison Saint-Augustin, en 2009.

Au nom de la Province de France de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice, je suis heureux de manifester à M. Mompha notre reconnaissance et notre affection fraternelle.




Homélie pour la messe célébrée à l’intention de M. Jean MOMPHA, PSS :


Chapelle Sainte-Claire, Institut Catholique de Toulouse, Jeudi 15 février 2018


 « Vois ! Je mets devant toi aujourd’hui la vie et le bonheur ou bien la mort et le malheur… Choisis donc la vie ! ». Le jeune et brillant   étudiant en droit qui allait rencontrer M. René Culleron, Prêtre de Saint-Sulpice, supérieur du séminaire Universitaire Pie XI en cette   rentrée de 1954, avait reçue pour lui cette parole. Avec son costume distingué et élégant, il abandonnait les perspectives attirantes   d’une brillante carrière pour choisir le service du Seigneur. La vie de prêtre, il se sentit très tôt appelé à la consacrer à la formation   des prêtres, la majeure partie de sa vie active. Les étapes en ont été rappelées au début de cette célébration. Sous forme d’une   action de grâces pour tout ce que le Seigneur a fait par le ministère du P. Mompha, j’évoquerai surtout quelques traits de sa vie   toulousaine : ces « 44 » dernières années où nos chemins se sont souvent croisés.
 Lorsque le futur Cardinal Pierre Eyt reçut la responsabilité de recteur, il fit venir comme secrétaire général de l’Institut Catholique   celui qui avait été son condisciple au séminaire Pie XI. En 1974 les séminaristes virent également arriver dans l’équipe des directeurs ce nouveau formateur. Il devait succéder deux ans plus tard à M. Joseph Levesque, PSS, qui lui laissa la charge de supérieur qu’il occupait depuis 1968.
Dans sa charge du secrétariat général, il sut déployer ses compétences juridiques et administratives, amener un savoir scrupuleusement exact des échéances à tenir et une connexion fructueuse avec les administrations diverses – il fut un acteur apprécié du CROUS, organisme universitaire – il sut établir et maintenir une qualité de relations humaines avec les personnes de l’administration qui permit de régler bien des problèmes et d’éviter crises et blocages. En interne, sa bonté et sa « rondeur » mirent bien souvent de l’huile dans les rouages ou du baume sur les cœurs meurtris, en particulier des secrétaires, lorsque les humeurs du recteur se faisaient ombrageuses ! Travail constant, méticuleux, exigeant qu’il vécut avec le sourire malgré les nombreuses incertitudes du lendemain, auprès des recteurs Eyt et Dutheil.
Pendant 10 années, il mit aussi – et surtout – le meilleur de lui-même à la tête du séminaire Universitaire Pie XI. Ce fin connaisseur de l’Ecole française avait le souci de communiquer aux futurs prêtres le meilleur de cette spiritualité sacerdotale, pour leur structuration intérieure et leur futur service pastoral. Il permit aussi, par ses relations avec sa province ecclésiastique d’origine, Montpellier, d’augmenter significativement le nombre de séminaristes. Il vivait au quotidien, avec une présence constante et beaucoup d’attention aux personnes, sa charge de formateur. Jovial et communiquant, il pouvait saluer 10 fois par jour la même personne, à chaque rencontre en lui serrant chaleureusement la main dans les deux siennes comme s’il la retrouvait après une longue séparation, salutation ponctuée d’une phrase bienveillante et finalement personnalisée. Ce que nous avons beaucoup apprécié chez lui est la confiance qu’il accordait, principe efficace d’une éducation à la liberté responsable. Lorsqu’avec quelques anciens à qui le séminaire a été confié, quand j’en fus à mon tour supérieur, j’ai eu le souci d’appliquer à mon tour cette posture.
Jusqu’à ses derniers jours, il restait attentif à ses « anciens ». Il donnait des nouvelles des uns aux autres avec une fidélité exemplaire. Preuve qu’il continuait par la prière et la pensée son œuvre de formateur et d’accompagnateur, avec persévérance et discrétion.
Ses responsabilités ne l’empêchaient pas d’exercer autant qu’il le pouvait le ministère pastoral, en particulier à Saint-Jérôme, comme célébrant et confesseur, apprécié pour son discernement et la pertinence de ses conseils, la bonté chaleureuse de son accueil. Il y fut fidèle tant que sa santé le lui permit.
Sa bonhomie et son apparente rondeur cachait en réalité beaucoup de délicatesse, de respect et d’attention aux personnes, une vive intelligence et une profonde finesse. Il laisse le souvenir d’une grande et authentique bonté. Le don de soi n’était pas pour lui un vain mot. Il savait dans la rencontre faire vraiment exister les personnes. Avec beaucoup d’humilité et aussi une profonde joie, l’ancien supérieur accepta de revenir dans une équipe de formateurs composée de ses anciens séminaristes, redevenant un égal avec une modestie qui forçait l’admiration. Il a poussé le don de soi jusqu’à être absent corporellement de toute célébration d’obsèques, ayant fait don de son corps à la médecine.
L’Évangile nous disait tout à l’heure : « Celui qui veut venir à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ». La Croix n’a pas manqué au P. Mompha pendant ses dernières années. Sa santé s’est peu à peu dégradée et il a suivi son Seigneur jusqu’au bout, dans l’abandon confiant, et même souriant, comme dans le don joyeux et pertinent de lui-même au cours de sa vie active.
Le P. Mompha avait de l’humour. Il savait aussi rire de lui-même. Qu’il me soit permis pour terminer cette action de grâces d’évoquer un souvenir liturgique survenu ici-même il y a 4 décennies. Le P. Mompha avait une gestuelle célébrante et un phrasé bien à lui… Il écartait souvent les mains en un geste de faible ampleur. Le passage d’Évangile de ce jour-là devint dans sa bouche : « Les disciples arrivèrent à Capharnaüm et a…ccostèrent ! » Nous nous sommes alors demandé comment la barque avait bien pu aborder dans deux endroits à la fois et où était sur la carte « Costère » ?
Cher M. Mompha, vous avez maintenant accosté sur le bon rivage. Continuez s’il vous plaît de nous accompagner de votre bonté et de votre prière. Un immense merci pour tout ce que vous avez apporté à cet Institut, aux prêtres, futurs prêtres et à tant de personnes servies et rencontrées dans votre ministère ! Bon et fidèle serviteur, entrez dans la joie de votre maître !

P. Jean-Jacques ROUCHI (31)