Mercredi 9 mars : M. Jean TREFFORT, PSS, est le doyen de la Province de France et aussi de la Compagnie tout entière. Grâce à Dieu, il est encore en très bonne santé intellectuelle et psychique, même si les oreilles et les jambes ne suivent pas tout à fait au même rythme ! L'esprit est vif, l'humour intact, le sourire malicieux.

Aujourd'hui résident de la Maison Marie-Thérèse à Paris, une messe d'action de grâces y a été présidée ce 9 mars par le Supérieur Provincial, en attendant la grande fête fraternelle organisée en son honneur à la Maison de la Rue du Regard (Maison Générale et Provinciale de France) le samedi 12 mars.

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Samedi 12 mars : que la fête était belle !!

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Ce 12 mars, la famille sulpicienne et la famille de M. Treffort, PSS, étaient bien représentées dans notre Maison de la rue du Regard à Paris. Une trentaine de prêtres entourait notre vénérable confrère. Parmi eux, Mgr Joseph Doré, archevêque émérite de Strasbourg, Mgr Georges Soubrier, évêque émérite de Nantes, M. le chanoine Maxime d'Arbaumont, Supérieur de la Maison Marie-Thérèse à Paris où réside désormais le P. Treffort, le R.P. Christophe Lazowski, représentant Dom Jean-Charles Nault, Abbé de Saint-Wandrille. Nos anciens se sont retrouvés avec beaucoup de bonheur autour du grand frère, notre doyen, mais aussi bon nombre de sulpiciens présents à Paris, anciens et jeunes, candidats ou membres de la Province canadienne résidant cette année rue du Regard.
Que la fête était belle, et que notre confrère était heureux! Il a impressionné tout le monde par sa vivacité intellectuelle, sa mémoire, sa présence à tous, son attention à chacun. Ci-dessous, l'homélie du Supérieur de la Province de France, M. Jean-Marc Micas, PSS, et quelques photos: le P. Treffort avec sa famille, avec le RP Lazowski; le Supérieur Général, M. Ronal D. Witherup, PSS, au moment du vin d'honneur, etc. Il y a aussi une photo de la Cathédrale d'Autun, diocèse auquel appartient le P. Treffort. Un cadre présentant la bénédiction apostolique du Pape François spécialement demandée à Rome pour cette occasion a été offert au P. Treffort qui gardera longtemps, nous le lui souhaitons, souvenir des beaux moments vécus tout ce jour.


Homélie de la messe: (4e samedi de carême, année C) 100 ans du P. Treffort :


Le jeudi 9 mars 1916, le Fort de Douaumont est pris par l’armée allemande, près de Verdun. Alors que la 1ère guerre mondiale déchire la planète et l’histoire, alors que les ténèbres couvrent la terre, quelque part, ailleurs, le bruit s’arrête et le miracle de la vie déroule une autre histoire : celle de la venue au monde d’un petit d’homme dans la famille Treffort. Jean est son nom de baptême. C’était il y a 1 siècle et 3 jours. L’Eglise est entrée la veille dans le long temps de préparation à Pâques. Temps de pénitence, temps de conversion, temps d’attente d’une joie promise… 100 ans donc, et quelques jours plus tard, nous sommes réunis dans cette chapelle autour du même Jean Treffort, devenu l’abbé Treffort en 1943 (il y a 73 ans !), puis Monsieur Treffort, Prêtre de Saint-Sulpice 4 ans plus tard. 100 ans. Une tranche de vie. Une tranche d’histoire. Histoire d’une famille, d’un pays, histoire d’un prêtre, d’un formateur de prêtre, professeur apprécié, confrère estimé, prêtre aimé. Nous sommes réunis ce jour pour rendre grâces à Dieu pour la belle et longue vie du P. Treffort. Nous sommes réunis ce jour pour lui souhaiter un bon anniversaire, comme nous avons commencé à le faire mercredi, 9 mars, à la Maison Marie-Thérèse dont je salue avec joie le Supérieur, le P. Maxime d’Arbaumont. Il a retardé son départ pour l’Abbaye de Saint-Wandrille pour partager cette fête avec le P. Treffort. Saint-Wandrille : le P. Treffort y a été professeur d’histoire de l’Eglise pendant 18 ans. Le P. Abbé, Dom Jean-Charles Nault, a délégué le Père Christophe Lazowski pour représenter l’abbaye, ancien élève de M. Treffort et son successeur comme professeur ! Les liens entre l’abbaye et le P. Treffort sont restés profonds et étroits. Merci aussi à vous cher Père pour votre présence !

12 mars 2016. Le carême est désormais bien avancé… Temps de pénitence, temps de conversion, temps d’attente de la joie pascale promise… Cette joie sera le fruit de la victoire de Dieu sur la mort, sur les ténèbres qui menacent le monde et le cœur de tout homme. Depuis lundi nous lisons l’Evangile de Jean. Peu à peu, le drame se noue. La haine et la violence se font plus pressantes, plus oppressantes, plus vives. Elles s’expriment de plus en plus ouvertement. L’orage gronde et bientôt éclatera. Le peuple est divisé, ses chefs sont déboussolés : « c’est vraiment lui le Prophète annoncé ! » ; « C’est lui le Christ ! » ; mais aussi : « Le Christ peut-il venir de Galilée » ; « cette foule qui ne connait rien de la Loi, ce sont des maudits ! »…

Le monde de 2016 n’est plus celui de 1916 et encore moins celui du temps des événements qui se déroulent à Jérusalem et dont nous parle l’Evangile. Et pourtant, l’histoire du combat que mène le Prince des ténèbres contre Dieu durera jusqu’à l’ultime Pâque. Ce combat, il traverse le monde et son histoire, celle de nos pays, de nos communautés, de nos familles, mais aussi il traverse nos personnes mêmes. Ce combat est réel, et il est d’autant plus redoutable qu’il est sous-estimé ou nié.

Ce que vit notre monde aujourd’hui est traversé par ce même combat. Les menaces de mort, les menaces de violence sont réelles, violence faite aux hommes, aux femmes, aux enfants, violence faite à la création, à la nature, à tous les êtres vivants, à l’air que l’on respire. Mais sont réels aussi tous ces lieux où la vie l’emporte malgré tout : quand l’amitié et l’amour s’expriment, comme aujourd’hui pour notre petite communauté, grâce au P. Treffort ; quand 950 jeunes se rassemblent comme ce soir à Boulogne Billancourt pour recevoir et célébrer le pardon de Dieu ; quand des hommes et des femmes généreux refusent les discours de haine, de stigmatisations de toutes sortes pour aider ceux qui peinent, les pauvres, les affamés, les prisonniers, les réfugiés, les malades, les pécheurs… ; la vie l’emporte malgré tout quand dans un couple ou une famille on arrive à se demander pardon et à se redire je t’aime ; la vie l’emporte malgré tout quand dans une communauté le désir de servir le bien commun l’emporte sur les intérêts particuliers, parfois au prix de grands sacrifices…

Ce que nous vivons en nous-même est aussi traversé par ce même combat : nous voulons être saints et nous nous expérimentons désespérément pécheurs encore, et encore, nous voulons faire du bien autour de nous, et un mot maladroit, une attitude mal interprétée, un peu d’orgueil, ou d’amour-propre excessif, ou de je ne sais quoi encore, et c’est la méfiance, la division, l’inimitié profonde qui dominent, parfois durablement, parfois toujours…

Le combat dont parle l’Ecriture nous concerne tous. Les débats qui traversent l’Evangile et divisent les contemporains de Jésus nous concernent tous. Mais nous concerne aussi l’annonce, la promesse que tout cela n’a pas le dernier mot, que cette chaine littéralement infernale, est brisée dans l’événement pascal dont chaque eucharistie nous fait contemporains. D’ici quelques jours, nous aurons la joie d’y goûter, de le célébrer, de le chanter… D’ici là, célébrons dans la confiance et dans la paix le repas du Seigneur. Partageons le pain de vie, le pain pour la route, le pain qui donne la force de porter la Bonne Nouvelle jusqu’aux extrémités de la terre, jusqu’aux extrémités de la vie, quel que soit notre vocation, notre santé, notre âge, de 7 à 77 ans, ou 100 ans, ou bien plus encore !

Amen !