Mardi 4 février : Grâce à une bonne connexion internet je vais pouvoir donner des nouvelles de ce séjour à trois volets (visite des confrères et autorités au Bénin et au Togo; célébrations du Centenaire du Séminaire Saint-Gall; session du Conseil provincial).

Après la journée d'hier consacrée au voyage, je visite aujourd'hui le séminaire qui se prépare pour la fête. Au passage, photo furtive d'un cours de patristique (P. Maurice Pivot, p.s.s.).

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Jeudi 6 au dimanche 9 février : séjour au Togo. Lomé d'abord,  à 100 km vers l'ouest,  puis ce sera le nord (Kara) avant de revenir au Bénin par Djimé et Abomey.  Le retour à Ouidah est pour le 11 février.  Le lendemain est prévue l'arrivée du Supérieur Général. Il est 22h. Il fait chaud et humide (moite). Les séminaristes répètent pour le concert spirituel prévu dans le cadre des festivités. Batterie,  guitares électriques, claviers et choeur s'harmonisent joyeusement. Je peux témoigner que la sono est à la hauteur de l'événement! 


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Jeudi 6 : ca y est,  je suis au Togo. Belle route le long de la côte Atlantique.  Villages de pêcheurs,  forêts de cocotiers jadis exploitées par les colons portugais ou allemands,  ville frontière avec quantité de petits marchands au bord de la route, et la chaleur, vraiment forte pour moi aujourd'hui... le Séminaire Jean-Paul II où je réside est riche de 230 séminaristes. Beau temps de travail avec le Conseil du séminaire cet après midi, et belles rencontres individuelles depuis.

 

Vendredi 7 : rencontre avec Mgr Dzakpah, archevêque de Lomé, et diverses visites; rencontre avec toute la communauté du séminaire autour des questions de direction spirituelle. Vaste sujet! Aujourd'hui il fait vraiment chaud. Entre 38° et 40° aux alentours de midi, avec une humidité saturée: tout poisse... Le partage avec tous est vraiment fraternel. Quelle belle mission m'a-t-on confiée là!

Lundi 10 : De retour au Bénin. Bénéficiant d'une connexion au séminaire Saint-Paul de Djimé, je peux reprendre la "plume" pour partager quelques nouvelles "nouvelles". Samedi matin, après une messe bien solennelle présidée au séminaire, nous avons repris la route avec le P. Vincent Makoumayena, p.s.s. Il m'a proposé de prendre le volant de sa Toyota Avensis, ce que je fais avec plaisir! Petit à petit nous sortons de Lomé et prenons la route du Nord. Escale bienfaisante vers Midi au séminaire Propédeutique: office du milieu du jour, quelques mots à la communauté, repas avec les confrères (parmi eux le P. Anselme rencontré lors de la formation des formateurs en octobre dernier). Nous reprenons la route. L'objectif est d'arriver à Kara avant la nuit: mission accomplie de justesse! Quelle route jusque là, et quels beaux paysages! Dimanche matin, départ à 5h30 pour rejoindre le grand séminaire de Philosophie pour l'office des Laudes et la messe. Là encore, grande communauté de plus de 200 séminaristes (c'est le séminaire national). Après la messe dominicale qu'on m'a demandé de présider, je rencontre la Conseil (3/4 d'heure) puis la communauté des séminaristes pendant 2 heures. L'après-midi, rencontre avec l'évêque de Kara, Mgr Jacques Longa, avant de visiter sa cathédrale et de prendre un rafraîchissement dans un beau parc du centre ville. 

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Ici l'air est meilleur: il fait chaud le jour mais "frais" la nuit, et on ne "poisse" plus! Ce matin, départ de Kara à 5h pour arriver à Djimé vers 13h. C'est encore moi qui prend le volant pour ce nouveau trajet. J'apprends l'art d'éviter des nids de poules absolument spectaculaires! J'y parviens plus ou moins, mais la Toyota tient bon!

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Formalités douanières entre les 2 pays avant d'arriver à Djougou, grande ville du nord du Bénin, puis de s'arrêter à la Grotte de Dassa avant d'arriver finalement au Grand Séminaire de philosophie de Djimé (là aussi, séminaire national qui "alimente" les deux séminaires de Théologie de Ouidah (St-Gall) et Djanvédji. Là encore, rencontre des confrères présents puis de la communauté. Toutes ces rencontres sont riches. Avec les confrères ou les évêques rencontrés, nous nous disons nos soucis et les défis à relever. L'Eglise est belle et servie par de généreux ouvriers ! Demain, après avoir rencontré l'évêque d'Abomey, nous reprendrons la route de Ouidah pour commencer d'y vivre les célébrations du Centenaire.

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Mardi 11 février: Notre Dame de Lourdes. Ce matin, en présidant la messe, j'ai été touché. La beauté de la liturgie, les chants nuancés et interprétés à la perfection par les séminaristes, la profusion de "grottes de Lourdes" rencontrées dans tous les lieux... 

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Avant de rencontrer l'évêque d'Abomey et de visiter sa cathédrale , le P. Guy Bognon, p.s.s., Supérieur du séminaire de Djimé, me promène dans cette très ancienne cité de rois, inscrite au Patrimoine Mondial de l'Unesco. Après le repas, nous prenons la route du sud pour revenir à Ouidah. Un bon orage en route, et de nouveau la moiteur à l'arrivée au séminaire Saint-Gall puisque nous sommes de retour au bord de l'Atlantique. 

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En quelques jours le séminaire a considérablement avancé dans les préparatifs "extérieurs" de la fête: peinture, décoration, débroussaillages, etc. Demain matin, je présiderai la "Messe en suffrage pour tous les évêques, prêtres, séminaristes et ouvriers saint-gallois défunts", suivie de la "bénédiction des tombes du cimetière", avec "participation éventuelle des parents ou fidèles des paroisses des prêtres inhumés dans notre cimetière". Je me mets donc au travail pour préparer cette messe, alors qu'à l'extérieur les répétitions diverses vont bon train, créant une sorte de grande foire sonore "multicolore"...

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Mercredi 12 février : 7h00, messe de suffrage pour les Saint-Gallois défunts, suivie de la bénédiction et de l'encensement des tombes au cimetière du séminaire. Moment de recueillement et de mémoire. Belle liturgie. Deux tombes sont conservées dans la chapelle même du séminaire: celles de deux archevêques de Cotonou: Monseigneur Louis Parisot (+ 1960) et le Cardinal Bernardin Gantin (+ 2008). Le pape Benoit XVI est venu se recueillir ici-même en 2011. 

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Homélie de la messe en suffrage pour tous les Saint-Gallois défunts 

L’évangile que nous venons d'entendre est la suite de celui que l'Eglise nous faisait entendre hier. Jésus commente le reproche que les Pharisiens lui font parce que ses disciples ne respectent pas la tradition et les coutumes des anciens : ils ne se lavent pas les mains avant de prendre leur repas. Et saint Marc expliquait à ses lecteurs quelques autres aspects des coutumes des Juifs. Dans les versets que nous venons d'entendre, on comprend que Jésus parle des rites alimentaires des Juifs qui doivent s'abstenir de certains aliments qualifiés d'impurs, pour ne pas devenir impurs eux-mêmes. Et comme dans la séquence évangélique d'hier, Jésus dénonce, non pas le rite pour lui-même, la coutume comme telle, mais le décalage hypocrite entre l'intérieur et l'extérieur de ceux qui les pratiquent, et revendiquent dans la seule fidélité à cette pratique le titre de Justes, ou de Purs. Jésus se montre d'une sévérité implacable à l'égard des hypocrites.

Cet évangile est l'évangile prévu par la Liturgie de l'Eglise pour aujourd'hui. Il n'a pas été choisi pour la circonstance de cette messe ! Si on avait choisi un évangile, je ne pense pas d'ailleurs que celui-ci aurait été retenu.. Si on avait choisi un évangile, je ne pense pas d'ailleurs que celui-ci aurait été retenu...Mais c'est très bien : les leçons de Jésus sont toujours bonnes à recevoir, et cela vaut pour nous, ici, ce matin.

Les organisateurs de ce Jubilé du Séminaire Saint-Gall ont tenu à ce qu'une messe de Suffrage soit célébrée : c'est une tradition, un usage qui nous vient des anciens, que de rendre hommage à ceux qui nous précèdent, à nos ancêtres, à nos aînés. Tout à l'heure, nous nous rendrons au cimetière pour bénir les tombes de ceux qui reposent dans cette terre : cette pratique est aussi une tradition, un usage qui nous vient des anciens. L'évangile de ce jour nous dit dans quel esprit nous devons faire tout cela. Jésus n'est pas venu abolir la loi. Il ne critique pas les traditions des Juifs pour elles-mêmes, mais il dénonce avec véhémence l'hypocrisie de ceux qui y tiennent seulement pour sauver les apparences, alors que leur cœur n'est pas sincère. Il y a là pour nous un appel à être vrais et sincères dans l'hommage que rendons aujourd'hui à nos anciens, évêques, prêtres, séminaristes et ouvriers défunts. Ils ont marqué l'histoire centenaire de ce séminaire. Ils en ont été une des pierres de fondation et de construction. Nous leur devons tout ou partie de ce que nous voyons aujourd'hui et qui nous fait vivre. L'usage est de leur rendre hommage. Nous le faisons bien sincèrement et d’une belle façon. Comme Provincial d'une Compagnie qui a donné jusqu'à aujourd'hui des formateurs au service de cette institution, venus de France, du Bénin, de la République Démocratique du Congo, du Togo voisin ou d'ailleurs encore peut-être, je suis heureux et fier de m'inscrire dans le noble lignage de ceux dont l’histoire est connectée à jamais avec celle de cette maison.

Un séminaire est une institution ecclésiale importante. J'aime dire souvent que les séminaristes ont besoin d'être fiers de leur séminaire. Ils en ont besoin comme séminaristes, pour faire confiance à ce que les formateurs leur disent au nom de l'Eglise, mais ils en ont besoin aussi une fois qu'ils ont quitté le séminaire, prêtres, ou non prêtres d'ailleurs. Il est très important d'être fier, de pouvoir être fier de ses origines, de ceux qui nous ont mis au monde, fait grandir, accompagnés... Depuis une semaine que je suis ici, j'ai rencontré bon nombre de gens fiers de cette maison, ici comme au Togo. Et je pense que les séminaristes d'aujourd'hui peuvent aussi être fiers de leur séminaire.

Honorer nos anciens, c'est reconnaître que nous appartenons à une lignée, et c’est accepter de nous inscrire de bon cœur dans cette lignée. Célébrer une messe en suffrage pour ceux qui sont « nés » ici, qui ont servi l'Eglise comme prêtres et évêques, ceux aussi qui ont été ici un temps, même s'ils ne sont pas devenus prêtres, ceux qui ont travaillé ici, au service de la maison, à un poste ou à un autre, c'est manifester notre fierté d'appartenir à leur famille. Dans l'Esprit Saint et dans la communion des saints, cette famille se moque des années qui passent, des différences de couleur de peau, des différences de langues, de cultures, de nationalités, de fonctions dans l'Eglise, de responsabilités exercées dans la société, petites ou grandes. Cette famille à laquelle une messe comme celle de ce matin nous rend fiers d'appartenir est celle qui est fondée sur le cœur : la foi, l'espérance et la charité partagées. Ces jours-ci, en voyant les séminaristes et leurs formateurs travailler avec ardeur pour que la maison soit belle et prête à temps pour la fête, je me disais qu'assurément, les anciens que nous honorons aujourd'hui peuvent être fiers de leurs descendants !

« C'est du dedans, du cœur de l'homme, que sortent les pensées perverses » nous dit l'évangile de ce jour. C'est aussi du dedans, du cœur de l'homme que sort le meilleur, ce qui humanise, et par là coopère au salut du monde.

Sœurs et frères, en même temps que nous remercions Dieu pour tous ceux qui en 100 ans ont marqué cette maison de leur empreinte, remercions-le pour ceux qui la marquent à leur tour, aujourd'hui, de la leur. Confions à l'intercession de ces fidèles Saint-Gallois défunts la vie et le travail des Saint-Gallois d'aujourd'hui. Demandons-leur de veiller sur tous ceux et celles qui aujourd'hui constituent le corps et l'âme de cette belle institution ecclésiale. Qu'elle continue de donner à l'Eglise les fils et les prêtres dont elle a besoin pour annoncer la Bonne Nouvelle aux pauvres. Amen !

 

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 Vendredi 14: après une matinée "studieuse" (conférences), l'après-midi est consacrée au théâtre et à l'expression folklorique. 

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Je suis impressionné par la maturité et la liberté qui s'expriment là: pour l'occidental que je suis, c'est une plongée dans la culture de ce pays, et par là, au moins pour une part, de ce continent. Je suis impressionné par le regard porté par les auteurs et acteurs divers sur leur propre culture. Ce soir, les autres membres du Conseil provincial arrivent de Paris. Le lieu de la messe solennelle de dimanche est prêt désormais. La messe sera présidée par le nonce apostolique au Bénin et Togo, en présence des archevêques, évêques et administrateurs apostoliques du pays et un certain nombre venus d'ailleurs. Il y aura aussi une bonne délégation française.

 

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Dimanche 16 : eh bien voilà ! Nous voici au soir d'une bien belle journée. Tout ayant été parfaitement préparé dans les moindres détails pendant tous ces jours, la fête s'est déroulée dans la paix et la joie. Beaucoup de prêtres anciens de la maison, beaucoup d'évêques (venus de France: Mgr Lalanne et Mgr Bonfils, respectivement évêques de Pontoise et émérite de Nice), beaucoup de fidèles, religieux, amis et parents. Les séminaristes et leurs formateurs ont mené tout cela à la perfection. Plusieurs hommages très appuyés ont été rendus à la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice au service de ce séminaire depuis 1954. D'ailleurs, le groupe des sulpiciens dense n'est pas passé inaperçu (ce qui assez peu habituel chez les sulpiciens !). La photo du groupe autour du nonce apostolique en montre seulement une partie. Ce soir, tout le monde est heureux. Demain, le Supérieur Général présidera la messe dite "d'incidence", c'est-à-dire celle qui correspond à la date précise d'ouverture officielle du séminaire, 17 février 1914. Ce sera la dernière étape solennelle de ce Jubilé. Après quoi, le Conseil provincial établira ses quartiers à Porto Novo jusqu'à vendredi pour y tenir sa première rencontre hors de France de son histoire.

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Lundi 17 : dernier jour à Saint-Gall. Après la messe présidée par le P. R. Witherup, Supérieur Général, nous nous rendons à l'extérieur pour planter 5 irokos. Le 1er est planté par le Recteur du séminaire, le 2nd par Saint-Sulpice, le 3e par le doyen des formateurs, etc. Après cette cérémonie et un dernier repas de fête, la délégation sulpicienne se disperse. De son coté le Conseil provincial a établi ses quartiers à Porto Novo pour une session de travail de plusieurs jours. C'est la fin de ce "reportage" en direct du séminaire Saint-Gall de Ouidah (Bénin).

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Longue vie à ce beau séminaire !

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