Samedi 19 juillet 2014: l'Assemblée Générale est officiellement close. Une belle célébration eucharistique a regroupé tous les participants de l'Assemblée et les confrères sulpiciens qui ont pu se joindre à eux. Une bien belle réunion de famille, aux accents internationaux !

nouvelle evangelisation 10
Sur la photo ci-dessus, trois de nos évêques sulpiciens entouraient le Supérieur Général: Mgr Emile Marcus, archevêque émérite de Toulouse, Mgr Georges Soubrier, évêque émérite de Nantes et Mgr Alphonse Long, évêque auxiliaire de Hung Hoa (Vietnam).


Le texte ci-dessous donne un aperçu du climat des réflexions et partages de cette Assemblée:


Il a été clairement affirmé par l’Assemblée que sa recherche s’effectuait sur l’horizon de la Nouvelle Evangélisation. C’est dans cette perspective que nous voudrions apporter un éclairage sur la contribution de Saint-Sulpice à la Nouvelle Evangélisation.
Au cours des discussions qui se sont déroulées dans l’Assemblée, soit au cours des réunions générales, soit en petit groupe, soit dans des conversations privées, la question de la Nouvelle Evangélisation a été abordée sous trois angles.


1- La conversion intérieure des chrétiens comme condition fondamentale de l’évangélisation. Cette perspective se situe directement dans la ligne du Concile Vatican II qui a voulu promouvoir l’aggiornamento de l’Eglise en invitant ses membres à modifier leur regard sur le monde et leurs manières de faire, mais aussi et d’abord à changer leur cœur.


Il ne s’agit pas d’une nouveauté. Dans l’histoire de l’Eglise, le renouvellement intérieur des chrétiens eux-mêmes a toujours constitué une des clefs essentielles pour faire face aux défis que l’Eglise a rencontrés, en particulier quand il s’est agi pour elle de passer d’une civilisation à une autre, d’un type de société à un autre. Les grands saints ont été parmi les artisans majeurs de ces passages.


A Saint-Sulpice, nous sommes particulièrement sensibles à cette dimension. L’activité de notre fondateur, l’esprit de l’institution qu’il nous a laissée et cette institution même sont profondément liés à sa propre conversion. Aujourd’hui encore son message nous rejoint comme un appel à la conversion intérieure. Pour nous, sulpiciens, la participation à la Nouvelle Evangélisation ne peut s’envisager sans notre réponse franche et cordiale à l’appel à la sainteté que le Christ nous adresse à travers la voix de Jean-Jacques Olier.


Cet appel, nous pouvons le faire retentir auprès des séminaristes en montrant l’exemple de notre fondateur et en suivant nous-mêmes cet exemple. Il est fondé à la fois sur les exigences de notre baptême et sur celles de notre sacerdoce ministériel. Il est nourri de la méditation de la Parole, chère à Mr Olier, et de la vie eucharistique où il laissait le Christ le transformer en nourriture pour les gens dont il avait la charge.


2- L’attention portée aux nombreuses et profondes mutations qui s’opèrent dans la société dans laquelle nous vivons. Nous ne pouvons pas être de simples spectateurs de ces changements. Nous y sommes engagés. Ils nous interrogent sur la qualité et la solidité de notre foi et sur notre manière de l’exprimer. Ils nous obligent à modifier notre regard et notre langage pour vivre et transmettre sereinement notre foi dans ce monde tourmenté.


Notre longue expérience pédagogique nous a appris à essayer de comprendre les diverses générations de séminaristes que nous sommes appelés à former. C’est une chance pour nous, éducateurs, d’être ainsi confrontés à ces multiples générations qui se succèdent et nous invitent ainsi à une conversion permanente.


Aujourd’hui les séminaristes sont confrontés à de nombreux défis : le vieillissement de l’Eglise en certains pays ; la déception devant les difficultés du ministère et de l’annonce de l’Evangile qui entraîne parfois des départs de jeunes prêtres ; l’isolement dans le ministère ; l’évolution de la société dans le domaine des croyances et de la morale qui entraîne parfois chez eux un fort besoin identitaire et une difficulté à engager un vrai dialogue avec ceux qui ont une pensée différente ; devant l’indifférence généralisée, devant une tolérance qui confine au laxisme, ils sont tentés de juger sévèrement le monde ; la difficulté à trouver leur place dans leur relation avec les laïcs, mais aussi dans certaines régions, le manque de laïcs engagés dans la mission de l’Eglise.


Notre rôle de formateurs est ici fondamental pour les aider à trouver une vraie liberté spirituelle. Nous cherchons à développer en eux leur amour sincère de Jésus-Christ doux et humble de cœur, et nous les invitons à aimer ce monde, à recueillir ce que l’Esprit-Saint y fait de bon, sans perdre la lucidité sur le mal qui s’y déploie.
Sur ce point encore, l’exemple de notre fondateur peut nous aider beaucoup. Il est lui-même situé, en cette première moitié du XVIIème siècle, à une période charnière de l’histoire de l’Eglise, marquée par l’avancée du protestantisme, par l’angoisse pour l’Eglise catholique de voir se diluer son identité, par des guerres sans cesse renaissantes en Europe. Il a su, à la suite du cardinal de Bérulle, recentrer les chrétiens sur la contemplation du Verbe incarné, garder une grande fermeté et une grande netteté dans son jugement sur la société, en même temps qu’il s’unissait au Christ chargé du péché du monde. Il a su aimer les hommes et les femmes de son temps comme un vrai pasteur, avec la compassion du Christ et de la Vierge Marie. Il a su promouvoir la fidélité à une Eglise qui refusait de se fermer sur elle-même et qu’il voulait animée d’un grand esprit missionnaire. Il a su également engager avec les prêtres de la paroisse Saint-Sulpice un vrai partage de ministère.
La figure de Jean-Jacques Olier reste donc pour nous une figure exemplaire que nous pouvons, moyennant les adaptations nécessaires pour notre époque, proposer aux séminaristes comme un modèle. Il nous aidera non pas à adapter l’Evangile à la société en train de se construire, mais à nous adapter à cette société pour lui annoncer l’Evangile dans toute sa pureté.


3- L’accueil bienveillant des nouvelles méthodes d’évangélisation dans un discernement éclairé. Poussé par son zèle apostolique, Jean-Jacques Olier n’a pas hésité à utiliser lui-même des méthodes d’évangélisation nouvelles pour son époque. Il a participé aux missions rurales initiées par St Vincent de Paul (à la suite de Michel Le Nobletz et Julien Maulnoir en Bretagne à la fin du XVIème siècle). Comme curé de Saint-Sulpice, il a divisé sa paroisse en sept quartiers, sur le modèle créé par St Charles Borromée dans son diocèse de Milan, pour faciliter la prise en charge de tous les paroissiens. Il a promu les catéchismes, non seulement pour les enfants mais pour toutes les catégories de personnes, confiant dans l’efficacité d’une formation chrétienne toujours orientée vers la conversion (catéchismes qui se sont plus tard enrichis de la formation des catéchistes).


Ici l’aide que nous pouvons apporter aux séminaristes par rapport aux nouvelles méthodes d’évangélisation qui leur sont proposées sera celle d’un discernement spirituel. Qu’est-ce qui nous inspire profondément quand nous annonçons l’Evangile ? Comment savons-nous allier l’audace de la parole explicite avec la patience de l’incarnation ? Sommes-nous fascinés par le spectaculaire et l’immédiat ? Nous contentons-nous d’un compagnonnage fade qui ne révèle pas vraiment le mystère du Christ ?


C’est par ce discernement que nous permettrons à ces générations nouvelles qui se forment sous notre responsabilité de faire leur chemin, de dessiner eux-mêmes, dans la communion ecclésiale, la pastorale qu’ils pratiqueront.

Quelques photos de visages sulpiciens, d'une Bible ayant appartenue à notre fondateur, le P. Jean-Jacques Olier (1608 - 1657), de la chapelle du Séminaire Saint-Sulpice à Issy-Les-Moulineaux, avant la messe, et d'un participant signant les Actes de cette Assemblée 2014.

nouvelleevangelisation8
nouvelleevangelisation7
nouvelleevangelisation5
nouvelleevangelisation4
nouvelleevangelisation3
nouvelleevangelisation2
nouvelleevangelisation1
nouvelleevangelisation6
nouvelleevangelisation9