Une trentaine de prêtres entouraient le P. Alberti au jour de ses funérailles. Délégué par le cardinal Philippe Barbarin, archevêque de Lyon, le P. Jean-Sébastien Tuloup a présidé la messe en la Primatiale Saint-Jean-Baptiste, au pied de Fourvière.

decesalberti2-1
decesalberti1-1



Ci après, l'homélie prononcée par le Supérieur Provincial.

(Is 42, 1-7 ; Ps 22 ; Jn 6, 60-69)


« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles qui donnent la vie éternelle. Nous le croyons, nous le savons : tu es le Saint, le Saint de Dieu. »


Cette profession de foi est belle et nous touche profondément. « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles qui donnent la vie éternelle. Nous le croyons, nous le savons : tu es le Saint, le Saint de Dieu. » Si nous sommes chrétiens, elle nous parait évidente, la plupart du temps… Elle ne l'est pas toujours ; elle ne l'est pas pour tous. Elle a été proclamée en un temps de crise : ce que vient de dire Jésus dans la synagogue de Capharnaüm a provoqué un scandale, y compris parmi ses disciples, nous venons de l’entendre : « Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, s'écrièrent : « Ce qu'il dit là est intolérable, on ne peut pas continuer à l'écouter! » »


La synagogue de Capharnaüm, c'est la « maison » pour Jésus et ses proches. Là plus qu'ailleurs il est chez lui. A ses proches, à ses amis, il peut faire des confidences sur son identité divine, et il le fait progressivement. La synagogue de Capharnaüm, c'est la maison pour les juifs de cette ville, le lieu où se rassemble la communauté pour y entendre la Parole, la Loi et les Prophètes, pour la commenter, pour s'encourager à être des fidèles de la Loi, pour s'aider à être des justes. Les gens qui sont là sont de bonne volonté. Ce ne sont pas des opposants pour Jésus ; beaucoup sont ses disciples. Ce sont de fidèles fils d'Israël, et Jésus semble accomplir en sa personne la parole d'Isaïe: « Moi le Seigneur je t'ai appelé selon la justice, je t'ai pris par la main, je t'ai mis à part, j'ai fait de toi mon Alliance avec le peuple et la lumière des nations; tu ouvriras les yeux des aveugles, tu feras sortir les captifs de leur prison, et de leur cachot ceux qui habitent les ténèbres. » Ils ont commencé à voir en lui la réalisation des promesses contenue dans les écrits des prophètes.


Dans l’épisode que nous rapporte saint Jean dans la page d’Evangile choisie pour accompagner aujourd’hui le P. Alberti, Jésus fait un pas de plus dans le dévoilement de son identité de Fils de Dieu: « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle. » Il leur livre un aspect déterminant de sa personne, le cœur de son identité et de sa mission messianique. Ses auditeurs sont choqués par ces paroles, choquantes en effet... Alors Jésus poursuit : « Quelques-uns parmi vous ne croient pas. (…) personne ne peut venir à moi si le Père ne lui en a pas donné la possibilité. (…) Voulez-vous partir, vous aussi ? » Simon Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles qui donnent la vie éternelle. Nous le croyons, nous le savons: tu es le Saint, le Saint de Dieu. » Ceux qui étaient là, à la synagogue de Capharnaüm, ce jour-là, ont été sommés de choisir partir, ou rester, et rester jusqu’à ce que le Corps soit livré, jusqu’à ce que le sang soit versé, rester jusqu’à la Croix. Pourquoi certains sont-ils partis, et pourquoi d’autres sont-ils restés ? « Il est grand le mystère de la foi »…


La vie du P. Alberti fut celle d’un disciple de Jésus déterminé. Par ses parents, il partageait avec Pierre et les disciples de la synagogue de Capharnaüm de plonger ses racines dans le Peuple d’Israël, dans sa foi et son espérance. Puis, à la suite de ses parents, il a un jour faite sienne la profession de foi de Simon Pierre, devenue la profession de foi des chrétiens : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles qui donnent la vie éternelle. Nous le croyons, nous le savons: tu es le Saint, le Saint de Dieu. » « Il est grand le mystère de la foi », et le P. Alberti a passé sa vie à chercher à en comprendre les ressorts, et à en connaître l’objet, le Christ vivant, pour l’aimer, pour le faire connaître, et pour servir sa gloire.


La vie du P. Alberti fut celle d’un prêtre : il a consacré sa vie au service du Peuple des croyants. Il a choisi de mettre radicalement sa vie tout entière à la disposition du seul Grand Prêtre qui sauve toute chose, chaque personne, chaque créature, et l’Histoire tout entière, du péché et de la mort éternelle. Il a servi l’Eglise comme prêtre, tout entier donné, avec son intelligence, avec son cœur, avec la totalité de sa personne, pour que le monde connaisse Jésus et reconnaisse en lui « le Saint, le Saint de Dieu. » Comme tous les prêtres, il a annoncé la Parole, il a célébré le mystère du corps et du sang du Christ annoncé par Jésus dans la synagogue de Capharnaüm. Il a été ministre de la miséricorde du Père, et bon pasteur à l’image du Bon Pasteur, il a accompagné ceux qui venaient trouver auprès de lui un frère et un père, pour devenir meilleurs disciples, pour comprendre, pour trouver leur propre chemin de vie et de sainteté… Il a servi l’Eglise comme prêtre diocésain, au service des diocèses où il était envoyé, collaborateur dévoué et loyal des évêques de ces diocèses, et frère des prêtres de ces diocèses.


La vie du P. Alberti fut celle d’un prêtre formateur de prêtres. Vocation dans la vocation, il avait rejoint la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice. Son parcours a été évoqué au début de cette messe. Il fut un confrère apprécié, participant activement à la fraternité qui lie entre eux ces prêtres diocésains un peu particuliers que sont les sulpiciens. Il a mis son intelligence et son cœur au service de l’accompagnement et de la formation des futurs serviteurs du Peuple de Dieu. Ce ministère, il l’a exercé par son enseignement et son expertise en sciences sacrées, en divers lieux, et majoritairement dans cette ville de Lyon, auprès des séminaristes, et plus largement, à la faculté de théologie, au service de l’intelligence de la foi pour de nombreux disciples de Jésus, et pour bien d’autres femmes et hommes « de bonne volonté ».


Pour cette vie de disciple de Jésus, de prêtre et de serviteur des autres prêtres, nous rendons grâces à Dieu. Dans l’eucharistie le Christ Bon Pasteur donne sa vie « pour que les hommes aient la vie et qu’ils l’aient en abondance ». Nous remercions Dieu pour la longue vie du P. Alberti, pour le témoignage qu’il a donné, jusqu’au bout de ses forces, comme disciple et comme prêtre, pour le service qu’il a accompli dans l’Eglise. Nous prions pour que Dieu l’accueille auprès de lui, aujourd’hui même peut-être, ou bien au dernier jour de l’Histoire, lorsque le Christ récapitulera toutes choses, « lui le Saint, le Saint de Dieu. » Qu’il lui donne la vie. Qu’il la lui donne en abondance !

Amen !