Du 10 au 16 octobre 2022, Limonest

La Solitude continue son cours et nous en sommes à la 7e semaine que nous voulons nommer « semaine de la formation missionnaire et pastorale ». Les Solitaires, sans briser le quotidien de leur vie, ont accueilli trois différents intervenants sur la dimension pastorale de la formation dans les séminaires. La présente chronique retracera les grandes articulations des enseignements de nos trois communicateurs : il s’agit du Père Guy GUINDON, de la province du Canada et recteur du Séminaire de Montréal, qui est intervenu sur l’accompagnement pastoral, du Père Juan Diego Giraldo ARISTIZABAL, ancien supérieur du séminaire de Campo Grande et actuellement formateur au séminaire de Manizales, sur le thème de la Formation pastorale et missionnaire et du Père Larry TERRIEN, de la province des Etats Unis et formateur au séminaire de Baltimore, sur le thème de la Spiritualité du prêtre diocésain et de la collégialité. Quelques notes sur la convivialité qui a animé la communauté des Solitaires toute la semaine viendront conclure notre chronique.


solitude 2022 42Le lundi matin à la première heure de cours, le « groupe des douze » accueillait le Père Guy GUINDON qui venait présenter jusqu’au mardi matin l’accompagnement pastoral tel qu’il est mis en œuvre dans la dimension pastorale de la formation au séminaire de Montréal surtout dans le contexte actuel de « persécution tranquille » de l’Église qu’il a pris le soin d’expliquer aux Solitaires pour une meilleure contextualisation du sujet.

Toute l’approche du Père Guy est inspirée du modèle du Maître élaborée en Jn 10, 1-18 sur le profil du Bon Pasteur auquel il s’est constamment référé dans les différentes articulations de son sujet. Il est parti de la charité pastorale et de la théologie pastorale comme deux piliers de l’accompagnement pastoral pour définir d’abord en quoi consisterait la formation de ceux qui en sont les acteurs et leurs différents rôles ; il a élaboré ensuite les outils nécessaires au montage d’un projet de formation pastorale pour, enfin, identifier les besoins, formuler les objectifs et évaluer les résultats. Parmi les outils, il a identifié particulièrement le Co-développement, qui s’apparente au coaching sans s’y identifier. Selon le conférencier, cet outil a montré plus d’efficacité et de succès dans la création de structure d’accompagnement dans une organisation de projet. Le Co-développement a été inventé au Québec il y a vingt ans par deux universitaires, Claude Champagne et Adrien Payette, comme méthode de relecture professionnelle. La découverte de cette méthodologie presque idéale, ses objectifs et son processus d’intervision a suscité l’émerveillement du « groupe des douze » qui s’est réjoui de pouvoir contextualiser, chacun pour sa part, un outil fiable applicable dans la formation pastorale dans nos séminaires.


Dans l’après-midi du mardi, les Solitaires ont accueilli le Père Juan Diego Giraldo ARISTIZABAL, qui est intervenu jusqu’au mercredi, sur la formation pastorale et missionnaire. Dans une série de trois conférences, il a présenté les éléments fondamentaux de la formation pastorale et missionnaire du projet de formation sacerdotale voulue par la nouvelle Ratio Fundamentalis et la contribution spécifique de la pédagogie et de la tradition sulpicienne à la formation du cœur du pasteur dans une authentique charité pastorale et un esprit apostolique. Dans un vrai dialogue avec les Solitaires, le Père Juan Diego, comme un spécialiste averti, a provoqué la relecture des réalités de nos séminaires pour identifier les défis possibles liés à la formation pastorale et missionnaire aujourd’hui.


solitude 2022 43La matinée du jeudi a été réservée à un libre échange sur la formation pastorale dans nos différents séminaires de mission. Les différents espaces de dialogue ouverts par le Père Juan Diego ont encore trouvé une nouvelle phase pratique avec l’entretien du Père Daniel AÏZANNON sur la formation au séminaire et la mission du prêtre selon Jean Paul II à partir de l’Exhortation apostolique Pastores dabo vobis (1992) avec un accent particulier sur les recommandations aux églises en Afrique en vue de la formation pastorale et missionnaire à partir de deux documents magistériels majeurs : Ecclesia in Afrique de Jean Paul II (1995) et Africae munus de Benoît XVI (2011). C’était une occasion très enrichissante pour les Solitaires de mutualiser leurs expériences dans les divers séminaires où ils sont en mission et d’avoir de nouvelles lumières sur les différents défis à relever aujourd’hui dans la formation.

Cette matinée d’échanges et de partage d’expériences sur la formation pastorale et missionnaire a été une transition pour les Solitaires d’accueillir le Père Larry TERRIEN qui les a entretenus sur la spiritualité du prêtre diocésain et la collégialité du vendredi au dimanche. Dans une série de 6 conférences, le Père Larry a développé 10 sous-thèmes en puisant chaque fois dans les sources scripturaires et dans le riche héritage spirituel des auteurs de l’École Française de Spiritualité, surtout de Jean Jacques OLIER et de saint Jean Eudes. La contextualisation de ses enseignements rejoint les défis actuels dans la vie et le ministère des prêtres dans l’Église. Ainsi, les Solitaires ont été profondément plongés dans l’appel retentissant à la prière qui leur a fait découvrir le sens de l’abandon à l’Esprit selon l’appel de Jean Jacques OLIER et de l’oraison qui font grandir dans la vie intérieure. L’appel à la sainteté et à la conversion, la redécouverte de l’identité du prêtre, sa vie spirituelle et la charité pastorale, la Parole de Dieu, le mystère de la croix et de la résurrection et la Sainte Vierge Marie dans la vie spirituelle du prêtre sont autant de thèmes qui ont profondément nourri les Solitaires dans leur foi et leur désir d’incarner le modèle du Maître, Bon Pasteur par excellence dans leur ministère de formateur.

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solitude 2022 45Dans sa dernière conférence sur le thème de la Collégialité, principe cher à la tradition de la Compagnie de saint Sulpice, le Père Larry a insisté sur ce principe comme essentiel dans la tradition sulpicienne en le situant à la fondation de la compagnie. Dans sa forme la plus simple, la Collégialité est formulée par « un homme, une voix » ; de façon pratique, elle signifie que le conseil local du séminaire, à la différence du système romain de formation, n’est pas le conseil du supérieur ou du recteur du séminaire mais le conseil de l’évêque. Le vote du conseil doit être communiqué à l’évêque par le supérieur qui est le porte-parole de tout le conseil. Quand une décision est prise, chaque membre du conseil doit l’accepter comme si c’était la sienne propre, qu’il s’agisse de l’avenir d’un séminariste ou du programme de formation ou de la vie du séminaire ; même si le supérieur ou le recteur du séminaire est dans la minorité, il se soumet à la décision sans jamais signifier son désaccord à l’évêque auquel il remet la décision du conseil.


Comme on peut le constater, cette 7e semaine a été un peu lourde pour les Solitaires ; cependant, elle reste marquée par quelques moments de joie. L’anniversaire de naissance du Père Guy GUINDON, le 10 octobre, célébrée en début de semaine et la sortie dans l’après- midi du jeudi ont été des moments de relaxation bien appréciés.


Le vendredi, à l’issue du cours de l’après-midi, les Solitaires ont sacrifié à la tradition du « retour sur la semaine » pour l’évaluer. Tous ont apprécié la convivialité qui continue d’animer le « groupe des douze ». L’occasion était propice pour éveiller l’attention des uns et des autres sur quelques petites recommandations afin de faciliter davantage la vie communautaire. La dernière note de joie des Solitaires a été l’accueil, ce dimanche, du Père Diego ARFUCH, supérieur du séminaire d’Issy-les-Moulineaux, qui tiendra des enseignements dès lundi sur l’histoire de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice.

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Père Blaise AKPOLI