Du 09 au 16 Octobre 2022, Limonest


Nous sommes à mi-parcours de notre expérience de solitude ici à Limonest. Le programme de la semaine précédente nous a permis d’avoir un long weekend au cours duquel certains sont allés découvrir d’autres lieux. Le dimanche soir, tout le groupe s’était déjà réuni pour entamer une nouvelle semaine. Le Père Bernard PITAUD venait d’arriver pour la commencer avec nous. De fait, le lundi, après la prière des laudes, la messe et le petit-déjeuner, nous nous sommes rendus en salle à 9h pour débuter la seconde partie de la session sur l’école française de spiritualité avec, cette fois-ci, la figure de Jean-Jacques OLIER. C’est cette figure, essentielle pour nous, que nous avons découverte davantage à travers l’étude de quelques-uns de ses textes. La semaine s’est achevée sur deux autres évènements importants : la « soirée congolaise » précédée de la traditionnelle séance-bilan de la semaine et le pèlerinage à Ars et à Dardilly, sur les pas de saint Jean-Marie VIANNEY. Le présent rapport tiendra compte de ces trois événements dont nous donnerons quelques points saillants.


1- Jean-Jacques Olier, itinéraire, vie et spiritualité


Les deux séances d’une heure et demie de la première journée avec le Père Pitaud ont été consacrées à l’étude de la vie d’Olier, son itinéraire et sa spiritualité. Olier est né à Paris le 20 septembre 1608 et a été baptisé le même jour à l’Église Saint Paul. L’année de sa naissance coïncida avec la publication par François de Salle de l’Introduction à la vie dévote. Cela n’est pas un hasard. C’est une providentielle coïncidence. Car, François de salle jouera, plus tard, un rôle déterminant dans sa vie spirituelle, alors qu’il était encore enfant et vivant dans la ville de Lyon où son père avait été nommé intendant du roi de 1617 à 1624.Son père était Comte de Verneuil, faisant partie de la noblesse de robe et vivant avec sa famille à Paris autour de la place des Vosges où il retournera après le service royal de Lyon.


solitude 2022 35Si l’enfance d’Olier n’avait rien d’extraordinaire en ce sens qu’il vivait comme les autres enfants, on pourrait déjà lire, en ce moment chez le jeune Olier, des sentiments de piété remarquables. Très jeune, nous confia le Père Pitaud, Olier affirmait renoncer à toute connaissance selon la chair pour ne vivre que pour Dieu. Parce que par le baptême il fit profession de mort à la première génération, il tint désormais Dieu pour Père, l’Église et Marie comme sa Mère, Jésus comme son Frère ainé, les autres saints comme ses frères et les anges comme serviteurs. Le désir de consécration à Dieu était toujours présent en cette âme que Dieu préparait pour une grande œuvre.


De retour à Paris avec ses parents en 1625 à l’âge de 17 ans, il poursuit ses études et suit des cours de Philosophie au collège d’Harcourt et de Théologie à la Sorbonne où il était considéré comme un étudiant brillant. Cependant, Olier semble avoir été un homme qui a davantage reçu la lumière de Dieu plus par la prière que par l’intelligence. Après son baccalauréat en 1630, il se rendit à Rome pour des études de langues bibliques. Malade des yeux, il effectua un pèlerinage à Lorette où il obtint la guérison et reçut la grâce d’un grand désir de prière. Ce pèlerinage reste déterminant dans son expérience spirituelle. Retourné à Paris à la nouvelle du décès de son père, il fut d’abord tenté par la vie religieuse et voulait entrer chez les Chartreux. Déjà tonsuré à l’âge de 11ans et détenteur de plusieurs bénéfices, le jeune Olier choisit de devenir prêtre séculier pour servir les pauvres contre l’avis de sa mère qui voulait pour son fils des postes prestigieux sous la coupole du Roi. Aussi, fut-il ordonné en 1633 à l’âge de 25 ans, selon les normes canoniques demandées par le concile de Trente.


Olier n’a pas caché la difficulté de relation qu’il a eu avec sa mère toute sa vie durant. Sa relation spirituelle avec Marie ROUSSEAU, une dame de piété remarquable, son accompagnement spirituel d’abord par Vincent de Paul et ensuite par le Père de Condren, deux accompagnateurs avisés de son temps ont été pour lui de précieuses aides sur son itinéraire spirituel. Il devint le curé de Saint-Sulpice en 1642, après des missions d’évangélisation dans des campagnes sous l’impulsion de Vincent de Paul. Il fonde ensuite le séminaire dont quelques-uns de ses écrits lus et commentés pendant les autres jours de notre session nous ont aidés à comprendre l’esprit et le fonctionnement.


- Quelques textes de Jean-Jacques Olier


solitude 2022 36C’est d’abord son texte « l’expérience de l’Esprit-Saint » que nous avons lu et commenté. Il s’y dégage la place prépondérante qu’Olier accorde à l’Esprit-Saint dans la vie spirituelle. Se laisser à l’Esprit est l’attitude qu’il propose pour une véritable évolution sur le chemin de la vie parfaite. Celle-ci suppose un renoncement à soi. Il y montre, en effet, deux obstacles majeurs à cette disposition combien bénéfique pour l’âme qui cherche Dieu et veut vivre selon ses desseins : l’amour-propre qui consiste à croire qu’on peut se guérir soi-même de ses défauts dans un regard introspectif narcissique de soi et le malin esprit qui peut nous inspirer des sentiments contraires à la piété.


Nous avons, ensuite, étudié son texte « Projet de l’établissement d’un séminaire dans un diocèse », écrit en 1651, sur la demande des évêques de France. Dans ce texte, Olier commence à donner les raisons de sa préférence pour l’appellation « prêtres du clergé » par laquelle il pense désigner les prêtres de la petite Compagnie qu’il fondait, en opposition à celle de « prêtre séculier » généralement donné aux prêtres qui ne sont pas rattachés à des Congrégations religieuses et qui, pour lui, a une connotation péjorative. Il donne trois raisons : d’abord il s’agit, pour lui, de se démarquer des prêtres séculiers tant dans leur compréhension du ministère sacerdotal que dans leur manière de le vivre ; ensuite, il le fait« par attache particulière au service de ce corps auguste et divin » ; enfin, il prend ce nom parce qu’il entend que cette Compagnie soit vouée uniquement en Jésus-Christ au service des prêtres et des clercs. De ce texte, nous avons dégagé deux apports essentiels qui émergent de l’expérience du séminaire telle que Olier le concevait : la direction spirituelle et l’oraison. Ce sont encore aujourd’hui deux traits caractéristiques du ministère sulpicien dans les séminaires tenus par les Sulpiciens ou qui sont simplement de tradition sulpicienne. C’est d’ailleurs cela que confirma un autre texte que nous avons étudié, intitulé « Des exercices du séminaire ».


Dans son texte « Manière de faire oraison sur les vertus », nous avons découvert la méthode proposée par Olier pour faire l’oraison. On y retrouve trois étapes : avoir Jésus-Christ devant les yeux, l’avoir dans le cœur et l’avoir enfin dans les mains, c’est-à-dire dans l’action. Nous avons terminé notre session en examinant la figure du prêtre qui se dégage de la vision sacerdotale d’Olier à travers l’étude de son texte « le Pasteur ». Le premier trait qui s’y dégage est celui du pasteur comme nourriture (eucharistie). Pour lui, le prêtre non seulement est ministre de l’Eucharistie, mais aussi il doit devenir lui-même eucharistie et se donner à manger à son peuple. Le second trait est celui du pasteur « époux de l’Église ». Pour Olier, en tant qu’il représente le Christ, le pasteur est époux de l’Église dont il devient amoureux de sorte que plus rien ne peut compter pour lui. De cette façon, il accorde ses sentiments à ceux de son épouse.


Après ce riche parcours fait d’entretiens, de questions et d’explications qui nous a permis de mieux connaitre M. Olier, le fondateur de notre Compagnie, nous avons remercié le père Bernard PITAUD qui est rentré dans la soirée de ce vendredi, manquant ainsi la « soirée congolaise » qui devrait suivre.


2- « La soirée congolaise »


solitude 2022 37Nous l’attendions, comme d’ailleurs les autres soirées. Car, c’est l’occasion pour nous de nous détendre à travers un dîner spécial pris dans une ambiance très cordiale et une présentation qui est pour nous l’occasion de beaucoup de découvertes. Ce vendredi soir, c’était le tour de nos amis Congolais de nous faire la cuisine pour nous offrir un repas de chez eux et nous faire connaitre leur pays que nous aimons affectueusement appeler « le petit Congo ». Sans difficultés apparentes, Serge Louamba et Davy Ibara ont sacrifié à cette belle tradition, nous donnant l’occasion de commencer notre weekend dans la joie et la détente. Ils nous ont donné à manger à la mesure de nos attentes et nous ont présenté leur pays dans ses différents aspects, humain, historique, linguistique, culturel, ecclésial, minier et touristique. Nous gardons le souvenir d’un beau pays, bien arrosé et riche de son sous-sol, un pays qui est encore en chemin pour son plein développement. La soirée s’est vite terminée pour nous permettre d’aller nous reposer afin d’être d’appoint pour la sortie-pèlerinage sur Ars et Dardilly le lendemain.


3- Pèlerinage sur les pas de saint Jean-Marie VIANNEY


Nous avons embarqué ce matin en bus pour aller à Ars aussitôt après la prière des Laudes et le petit-déjeuner. Nous y sommes arrivés à 9h37mn et avons été accueillis par deux Religieuses de la communauté des Sœurs bénédictines de Montmartre. Celles-ci nous ont aussitôt conduits dans la salle de projection où pendant 52mn nous avons regardé la vidéo de la vie et de l’itinéraire du saint curé d’Ars. Nous avons été très touchés par le témoignage d’une vie toute donnée à Dieu dans le service de la charité, la pénitence et l’adoration. Juste après ce temps chargé de beaucoup d’émotion, nous nous sommes rendus à l’Église où nous avons concélébré, avec ferveur et dévotion, la messe de 11h présidée par le Père Emmanuel MAINAUD, l’un des chapelains du sanctuaire. Après l’office du milieu du jour qui a suivi, nous nous sommes rendus à la maison de la Providence où nous avons déjeuné, soigneusement servis par les Sœurs de la Providence. Le temps d’après a été l’occasion de dévotions et de visites personnelles.


À 14h, nous nous sommes réunis à nouveau pour effectuer une visite guidée par le même Père Emmanuel MAINAUD qui nous a beaucoup touchés par le témoignage de son expérience de Dieu et de sa vocation sacerdotale. Pas à pas, il nous a conduits sur les différents lieux qui gardent encore l’empreinte ou la marque d’une vie aussi admirable que celle du curé d’Ars. Nous avons été touchés par sa charité, sa générosité et sa disponibilité qui le faisaient s’oublier lui-même pour n’être qu’au service du salut des âmes dans la prière et les longues heures de sacrements de pénitence dans lequel il s’est consumé tout le temps de son ministère pastoral. Partis de Ars à 16h35, nous avons marqué un arrêt prévu à Dardilly, le village natal du curé d’Ars. Nous avons effectué la visite guidée de cette maison qui l’avait vu naitre. Deux autres saints y sont venus : Benoît Labre et Jean-Paul II. Les explications données par notre guide nous a révélé que Jean-Marie VIANNEY a été une âme particulièrement préparée par Dieu depuis son enfance pour témoigner de sa sainteté. Quelle immense chance pour nous de terminer ainsi cette semaine par un pèlerinage aussi édifiant et interpellant ! Le lendemain dimanche a été un véritable jour de repos afin d’amorcer la semaine suivante qui s’annonce bien chargée avec trois intervenants.

 

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P. Innocent ATTOUNON