Mgr Jean-Marc Micas, évêque nommé de Tarbes et Lourdes


Cette lettre est la dernière que je vous envoie comme Supérieur de notre Province de France. Aujourd’hui à midi, ma nomination comme évêque de Tarbes et Lourdes est rendue publique. C’est un bouleversement considérable pour moi, et aussi, pour une part, pour notre Compagnie qui se trouve à un moment assez sensible de son histoire.

Le nonce apostolique en France m’a annoncé il y a exactement 4 semaines l’intention du Pape me concernant. C’était une surprise, redoublée par l’identité du diocèse confié. Je connais le département des Hautes-Pyrénées depuis ma plus tendre enfance. Tout proche de mon pays d’origine, j’ai eu maintes fois l’occasion de le traverser ou d’y faire de magnifiques randonnées ! Je suis lié au Sanctuaire de Lourdes depuis mon adolescence. Hospitalier lors des pèlerinages de mon diocèse, séminariste accueillant les pèlerins sous la bannière « Pèlerins d’un Jour » tous les étés pendant 5 ou 6 ans, pèlerin « ordinaire », seul, avec des jeunes ou des paroissiens si souvent... Je ne connais pas bien le diocèse comme tel encore. Il est un des nombreux « petits » diocèse de France (220.000 habitants), composé de vallées de montagnes (les plus hauts sommets des Pyrénées sont dans ce département) et de douces collines agricoles. La ville de Tarbes est marquée par une activité industrielle de bon niveau (trains, moteurs d’avion), la présence ancienne d’une garnison militaire, et quelques sympathiques spécialités culinaires ! Ce qui colore sensiblement le diocèse est évidemment la présence du Sanctuaire de Lourdes qui désormais a le statut de sanctuaire national. Pour la Province, la nouvelle est d’importance dans notre situation présente. Évidemment, on se préparait à d’éventuels changements, mais pas de cette nature...

Que va-t-il se passer maintenant ? Henri de La Hougue, 1er Consulteur dans l'ordre du Conseil provincial doit assurer l'intérim afin d'organiser une assemblée provinciale extraordinaire qui élira un successeur comme Supérieur provincial de France. Notre Supérieur général, informé depuis la 1ère heure (par le nonce en janvier qui lui annonçait la « menace », puis, avec son autorisation, par moi il y a 4 semaines) est en lien étroit avec le P. Henri pour accompagner la période qui s’ouvre aujourd’hui. Les défis sont assez considérables.


C’est notre actualité, bien sûr, mais au fond, nos aînés ont eu à affronter les mêmes difficultés, et d’autres, souvent bien plus considérables (cf. les livres de Bernard Pitaud !) Le charisme de Jean-Jacques Olier et l’œuvre de la Compagnie ont pourtant traversé les crises et les siècles, parce que les sulpiciens étaient des prêtres vigoureux, attachés au Christ, à l’Église, à leur vocation, à leur mission. Je suis sûr que nous sommes des hommes de la même trempe : j’ai pu le vérifier souvent au gré de mes rencontres avec vous !


Je veux vous dire, mes chers confrères, que j’ai été heureux de vous servir comme Provincial. Élu en 2013 puis réélu en 2019, j’ai été extrêmement heureux de travailler avec les membres du Conseil provincial. Tout a été facile entre nous, dans la fraternité, le sérieux, l’engagement, le dévouement et la compétence de chacun. Je remercie Dieu pour la qualité de chacun de vous, des plus anciens aux plus jeunes. Je le redis : nous sommes une très belle société sacerdotale, qui, je le crois, fait honneur à ses fondateurs et à l’esprit qu’ils nous ont légué. J’ai été heureux de venir voir chacun de vous là où il est, en France bien sûr, mais aussi dans les divers pays d’Afrique où vous êtes (à part le Malawi où j’aurais aimé aller voir Julien Zossou...), au Vietnam régulièrement, et même en Chine au tout début de mon mandat en 2013. Je prie pour chacun de vous.

Mes chers confrères, au moment où mon service de l’Église va se poursuivre autrement que prévu, je vous supplie de « demander pour moi l’Esprit apostolique ! » Je suis heureux de retrouver un ministère pastoral « direct ». Les défis devant lesquels l’Église se trouve sont importants... J’ai envie de dire qu’ils sont sans doute ceux de toujours, sous des modalités différentes. Hier, j’ai du déjà enregistrer quelques messages et interviews. On me demande ce qui me parait urgent pour l’Eglise aujourd’hui. Je réponds, entre autres choses : « reconquérir le cœur et la confiance de nos contemporains, pour que le trésor que nous portons, pauvres vases d’argile que nous sommes, leur soit donné en abondance. Ce n’est pas facile parce que nous sommes faillibles, et que je ne connais que trop bien ma propre part dans cette fragilité des hommes et de l’Église. Mais je crois que c’est possible, avec la grâce de Dieu, une bonne dose de foi et d’espérance, et beaucoup de charité...


Sans doute nous reverrons-nous ! Lourdes est une immense chance pour cela. Surtout, dites-moi bien votre passage auprès de la Grotte de Massabielle lorsque l’occasion se présentera : je vous y retrouverai avec plaisir pour nous confier, et confier notre Compagnie, à l’intercession de la Vierge Marie sous la protection de qui je mets une nouvelle fois ma vie et mon ministère.

 

Amitiés bien cordiales à chacun de vous mes chers frères, et belle poursuite de la route qui conduit assurément à la vie !