Bientôt...

Ce n’est pas la première fois que notre église est fermée. Qu’arriva-t-il à nos aïeux ? Un épisode bref, mais fondateur. En juin 1645, une émeute avait éclaté contre les réformes du nouveau curé Olier. Église fermée durant 3 jours.

Plus tard, ce furent les temps troublés de la Révolution française.

 

Beaucoup d’entre nous connaissent la belle histoire du sermon de M. de Pancemont, alors curé, quand il refusa de prêter serment à la Constitution civile du Clergé le 9 janvier 1791, entouré de tous les prêtres de la paroisse. 1791-1802. Pas d’église. Ce fut long. La plupart des paroissiens et les religieux du quartier suivirent leur curé et ses vicaires dans une clandestinité parfois dure, parfois semi-tolérée. Messes, prières et catéchismes étaient dispersés dans des chapelles diverses, ou aux Missions Étrangères de la rue du Bac, qui avaient survécu, ou encore à Saint Joseph des Carmes, l’église des Martyrs, rachetée en 1797. M. de Pancemont resta tout au long leur curé, rentrant se cacher au milieu de ses fidèles entre deux exils, ou veillant de loin. Par exemple, au Carême 1792 il fit imprimer et distribuer une feuille hebdomadaire (un « Tous Frères » avant l’heure !), avec le prône du dimanche et des instructions :

« Nous ne pourrons plus nous réunir comme auparavant… Hélas, nous n’avons plus de temples ; les uns sont renversés, les autres envahis par le schisme… Gémissons, mais ne nous laissons pas abattre par la douleur. Rassemblons-nous en esprit ; unissons-nous de cœur ; et que chacun de nous, à l’exemple de Daniel pendant la captivité, fasse dans le secret de son oratoire ce que nous aurions fait solennellement dans nos églises, dans le temps de la liberté… Nous vous exhortons de faire, chaque jour, à une heure réglée, s’il est possible, la lecture de l’Épître et de l’Évangile du jour et de quelque bon livre… »

Il les appelle au jeûne, à la prière et à l’aumône qu’on peut toujours pratiquer, à la patience et à la charité, même envers ceux qui vous persécutent. Nous voici à notre tour invités à rester unis dans la prière et dans l’attention à nos frères.


Lucille Villey

 

Extrait du Tous frères, bulletin paroissial du Curé de Saint-Sulpice le P. Jean-Loup Lacroix, datant du 10 mai 2020