Le P. Claude Erner (91 ans) est décédé à Paris le 16 novembre 2018. Il résidait à la Maison Marie-Thérèse (bd Raspail – Paris) depuis 2012.

Je vous invite notamment à lire son testament spirituel.

 

Voici quelques éléments de sa biographie:

1941-1946 : Etudes secondaires à l’Ecole diocésaine du Sacré-Cœur à Conflans-Sainte-Honorine (78).

1947-1948 : Séminaire d’Issy-les-Moulineaux

1949-1951 : Institut Catholique et Université de la Sorbonne (Paris)

1951-1954 : Séminaire des Carmes (I.C. de Paris)

Ordonné prêtre en 1954 pour le diocèse de Paris, le P. Erner a été pris en charge par la Compagnie la même année.

1956-1965 : Séminaire de Coutances (Philosophie)

1965-1999 : Séminaire de Reims (Théologie, Responsable formation permanente des prêtres)

1999-2012 : Au service des prêtres et Conseiller spirituel « Union Eucharistique Internationale » (Paris 14e)

Ses obsèques seront célébrées le mercredi 21 novembre à l’église Saint-Sulpice (Paris 6) à 10h30.

Son testament spirituel:

Claude ERNER juin 2004

MON TESTAMENT SPIRITUEL

à lire à la célébration de mes obsèques

Comme nous le lisons à l’Offertoire : « Humbles et pauvres, que ce sacrifice en ce jour trouve, Seigneur, grâce auprès de Toi ».

Je vous ferai une confidence : il n’est aucun Prêtre qui n’ait eu, un jour ou l’autre, un coup de foudre, une histoire d’Amour…Je veux dire « Avec JÉSUS-CHRIST ».

En effet, la racine de notre vocation « c’est une Alliance avec le Seigneur » : un attachement mutuel, une réponse, sans cesse à ratifier dans la fidélité, – comme pour vous, chers parents et amis –, à cette question :

« Puis-Je compter sur toi, à moitié ou totalement ? Dans la durée, à travers même l’épreuve du temps ? Alors va, Je t’envoie pour servir, pour aider, pour soutenir. »

Oui, le sacerdoce peut remplir pleinement une existence et combler un cœur d’homme :

Joie de faire réussir les autres dans la vocation que Dieu leur donne.

Joie de faire éclore ou développer, en chacun, cette, vie intérieure que l’Esprit Saint y a ensemencée.

Comment ?

Par le service de la Parole, des sacrements, à travers une mission, sans cesse à réajuster, pour être davantage en phase avec la diversité des personnes rencontrées, selon les situations et les questions de la société…

Comment prétendre, alors, faire le bilan de notre action apostolique ?

Avec la force du Seigneur, moyennant notre humble et pauvre coopération… que de grâces diffusées, sous mode parfois homéopathique, à tant de personnes connues ou inconnues.

Enfin, à travers les âges de notre vie, toutes nos joies et toutes nos croix se fondent, pour un Prêtre comme pour tout chrétien, dans une joie essentielle : faire aimer l’Église de Jésus Christ, non pas celle dont on rêve – inévitablement – mais l’Église telle qu’elle est, « dans le temps présent » comme dans l’avenir.

Église « Peuple de Dieu », composée de pécheurs pardonnés, nous le savons.

Église « Corps du Christ » et « Temple de l’Esprit », ici ou là si rayonnante : aujourd’hui par tant de laïcs très motivés, exerçant de grandes responsabilités, des hommes, des femmes de tous âges, comme tous ces jeunes chrétiens des divers continents, qui sont l’avenir de l’Église et du monde.

En définitive, Église qui n’est autre que Jésus Christ continué et communiqué depuis plus de 2000 ans, puisqu’il est : « PARMI » nous, « EN » nous, « PRÈS » de nous.

Jésus ne nous a-t-il pas dit « Je serai avec vous tous les jours, jusqu’à la fin des temps » ?

* * *

Ce qui se passera, de l’autre côté quand tout pour moi aura basculé dans l’Éternité, comment pourrais-je l’imaginer ?

Je crois seulement, je crois tellement en Jésus Christ Sauveur, qu’un grand Amour m’attend.

Je sais pourtant qu’alors pauvre et dépouillé, je laisserai Dieu peser le poids de ma vie avec mes ignorances, mes limites, mes faiblesses, mais je crois qu’il me donnera, Lui qui ne peut qu’aimer, d’accueillir son incroyable nouveauté.

C’est dans son amour que je me jette dans ses bras.

N’est-elle pas belle cette prière des Heures :

« Qui donc est Dieu pour nous aimer ainsi ?

Qui donc est Dieu qui a pleuré notre mal comme une mère, Lui, notre Père ?

Qui donc est Dieu qui tire de la mort et de la Résurrection de son Fils, le Christ, notre naissance ? Qui donc est Dieu pour nous ouvrir la pleine joie de Sa Présence ? ».

Oui, je crois totalement en Dieu notre Père, en Jésus Christ notre frère en humanité, en l’Esprit Saint, le Consolateur. Je crois qu’un grand Amour m’attend.

* * *

Parents et amis, continuons de prier, les uns pour les autres, notre Dieu qui ne peut qu’aimer.

Ainsi, comme le dit la Liturgie, « nous espérons être comblés de Sa Gloire, et nous retrouver tous ensemble pour l’Éternité ».

Voyez aussi ces paroles de Saint Jean (1 Jn 3) :

« Quels que soient les reproches que notre conscience encore nous adresse, Dieu est bien plus grand que notre cœur. Ainsi son amour infini ne lui permet-il pas d’être plus indulgent pour nous que ne l’est notre propre conscience ? »

Mon dernier mot sera pour la Vierge Marie que j’ai souvent priée. Elle est la mère de Jésus notre Frère en humanité, lui la Transparence de Dieu le Père. II est l’unique Sauveur de tout l’univers si magnifique et si tragique nous le savons. Marie est celle qui brille au Ciel et dans l’Église comme un signe d’Espérance assurée : c’est la Madone qui sourit, guérit à sa manière certes, et pardonne sans que cela ne restreigne en rien la Volonté infinie du Christ.

Prions-la donc ensemble, vous dans vos familles, et moi désormais dans la découverte émerveillée du projet d’Amour de Dieu sur toute cette humanité, avec la place de l’humble Vierge Marie, Mère de Jésus.

Ainsi, chers parents et amis, ce n’est qu’un au revoir, plein de cette Espérance et de cette confiance inlassable. Oui Dieu nous a aimés avant que nous l’aimions, car nous sommes aimés d’un Amour d’Éternité.

Claude ERNER