14- Construire le Séminaire (suite)

Mai 1645.
Des adversaires et pas d’argent : les deux vont souvent ensemble. Le projet paraît sans issue, malgré l’acte d’offrande de Montmartre (n° 13).

Au même moment gronde l’émeute paroissiale, et M. de Fiesque réclame toujours plus d’argent : le 9 juin le presbytère sera saccagé, Olier chassé (cf. chronique n° 8). Or un vaste enclos est disponible, tout proche de l’église. La maison Mé- liand s’ouvre rue du Colombier, en face de la rue des Canettes ; c’est le terrain idéal, au prix de 75.000 livres ! Deux “sulpiciens”, M. de Poussé – qui deviendra curé – et M. Hurtevent, viennent en aide à Olier : le 27 mai, on achète le terrain, et des dettes. Une folie dans ce contexte. Il n’est pas question de pouvoir construire. Provisoirement, le Séminaire emménagera dans les trois modestes maisons qui s’y trouvaient. Avec des planches de sapin, on pose des cloisons jusqu’au grenier : autant de chambres, encore un campement. L’émeute se calme et le 25 octobre l’Abbé de Saint-Germain, jusqu’alors hostile, confirme Olier comme curé et autorise enfin l’institution du Séminaire. Mais sans y contribuer financièrement ! Survient la Fronde et son cortège de misères, asséchant ce qui restait dans la bourse. Dès la paix signée (11 mars 1649) – le 22, Olier va à NotreDame de Paris se confier à la Vierge. Et là, dans la prière, il reçoit une vue nette du Séminaire souhaité : un vaste bâtiment carré autour d’une cour. Les caisses sont vides, peu importe, puisque Dieu le veut : déjà il en donne le plan au célèbre architecte Le Mercier, pas moins… (À suivre)

Lucile Villey