Résurrection (Mathieu Fort)

Je veux souhaiter à chacun de nos "visiteurs" de Joyeuses Fêtes de Pâques! Quel sens ont ces mots ? Je me permets, pour m'en expliquer, de mettre ici l'homélie prononcée dans une paroisse de mon diocèse au cours de la Vigile Pascale.

Jean-Marc Micas



Résurrection (Mathieu Fort)

Vigile Pascale 2016 - Le Fousseret
+ Baptême de Simon Lacaze

« Qu’éclate dans le ciel la joie des anges,
Qu’éclate de partout la joie du monde,
Qu’éclate dans l’Eglise la joie des fils de Dieu !
La lumière éclaire l’Eglise,
La lumière éclaire la terre,
Peuples, chantez ! »

Bien chers frères et sœurs, cher Simon,
Cette nuit n’est pas comme les autres nuits. Pour les chrétiens, c’est la nuit la plus solennelle de toutes les nuits, plus solennelle encore que la nuit de Noël.
Cette nuit est la nuit où l’Eglise accueille l’annonce de la Pâque.
C’est la nuit où les chrétiens proclament que la lumière est plus forte que les ténèbres. Bien fragile d’abord, comme le feu qui prend tout doucement, puis immense, si forte qu’elle éclaire même l’enfer.

« Qu’éclate dans le ciel la joie des anges, qu’éclate de partout la joie du monde, qu’éclate dans l’Eglise la joie des fils de Dieu ! »

Dans un de ses premiers grands textes, le pape François écrit sur la joie, cette joie à laquelle nous sommes invités cette nuit, cette « joie chrétienne [qui] jaillit de la source » du « cœur débordant » de Jésus. « L’Évangile, où resplendit glorieuse la Croix du Christ, invite avec insistance à la joie » (EG n°5)

Pourtant, frères et sœurs, on est bien en droit de poser une question : Marie elle-même le fait, d’ailleurs, à l’Annonciation (c’était hier la date « officielle »). On a la foi, mais on a le droit d’avoir des questions et de les poser… « Qu’éclate de partout la joie du monde ! »… C’est bien beau, mais, Seigneur, tu as vu dans quel état est le monde ? Comment se réjouir ? A-t-on le droit de se réjouir sous prétexte que pour nous, globalement, ça va ? Mais on n’est pas indifférents au sort de nos frères chrétiens martyrs en Orient ; on n’est pas indifférents aux victimes des violences terroristes ; on n’est pas indifférents au sort des réfugiés moins bien lotis que bien des animaux chez nous ; on n’est pas indifférents au mal commis par nous aussi, parfois, baptisés pourtant, prêtres pourtant ; on n’est pas indifférents à la situation de tant et tant de personnes inquiètes pour leur travail, pour leurs enfants, pour leur santé… « Qu’éclate de partout la joie du monde ! » Oui, Seigneur, mais tout de même…

Le pape aborde cette question dans le texte dont je parlais : « Je reconnais que la joie ne se vit pas de la même façon à toutes les étapes et dans toutes les circonstances de la vie, parfois très dure. Elle s’adapte et se transforme, et elle demeure toujours au moins comme un rayon de lumière qui naît de la certitude personnelle d’être infiniment aimé, au-delà de tout. Je comprends les personnes qui deviennent tristes à cause des graves difficultés qu’elles doivent supporter, cependant peu à peu, il faut permettre à la joie de la foi de commencer à s’éveiller, comme une confiance secrète mais ferme, même au milieu des pires soucis. » (EG n°6)

« Il faut permettre à la joie de la foi de commencer à s’éveiller, comme une confiance secrète mais ferme, même au milieu des pires soucis »

Cette confiance, « secrète mais ferme », nous vient de ce que nous célébrons en cette nuit de Pâques. Depuis dimanche, nous méditons sur les événements de la Passion de Jésus. En sa Passion à lui se retrouvent toutes les passions humaines, de tous les temps. Mais en cette nuit, les chrétiens accueillent l’annonce de la victoire de la vie, de l’amour de Dieu plus fort que tout le mal dont l’homme est capable. Cette confiance, « secrète mais ferme », nous vient de l’accueil de la Promesse de Dieu, de sa parole, de son pardon, de sa vie. Cette confiance, « secrète mais ferme », nous vient des sentiments que la foi développe dans notre cœur : sentiments de fraternité, esprit de service des autres, courage pour affronter les épreuves, humilité, patience, bonté, etc.

Cher Simon, je ne te connais, mais au nom de toute la communauté chrétienne, je me réjouis de t’accueillir comme un petit frère chrétien. Certains te diront que l’Eglise et la foi sont dépassées, ou pire. Montre-leur, par ta manière de représenter l’Eglise, avec nous, et par ta foi, que Dieu les aime, que Dieu veut les guérir du pessimisme, de l’égoïsme, de la peur, de la méchanceté. Montre-leur, avec nous, que l’Eglise qui nait de l’eau du baptême que tu vas recevoir ce soir, est une communauté humaine belle et grande, avec ses défauts, avec son péché, mais qui accepte d’être sauvée par le Seigneur vainqueur du mal et des ténèbres, et qui accepte d’entrainer la création tout entière, avec elle, vers le Ciel.

« [Ô Père] que brille devant toi cette lumière :
Demain se lèvera l’aube nouvelle
D’un monde rajeuni dans la Pâque de ton Fils !
Et que règnent la Paix, la Justice et l’Amour,
Et que passent tous les hommes
De cette terre à ta grande maison,
Par Jésus Christ !
Amen. »