Monseigneur Gaston POULAIN, Evêque émérite de Périgueux et Sarlat, est décédé ce 24 octobre 2015 à l’âge de 88 ans.

Monseigneur Poulain était né le 19 juillet 1927 à Truttemer-le-Grand (Calvados). Il a effectué ses études secondaires à St Jean-Eudes de Viré, puis au Petit Séminaire de l’Immaculée Conception à Flers. Après sa formation au Grand Séminaire de Bayeux, il a été envoyé à l’Angelicum à Rome pour son doctorat en Théologie.


Il a été ordonné prêtre à Bayeux le 8 décembre 1951, et est entré dans la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice la même année.

Quelques étapes de sa vie et de son ministère :

1954-1960 : Vicaire à la Paroisse Saint-Sulpice (Paris),
1960-1969 : Séminaire de Coutances (Théologie Sacramentaire et Catéchèse), chargé de la formation permanente des jeunes prêtres et aumônier d’équipes de l’Action catholique des milieux indépendants,
1969-1980 : Supérieur du Grand Séminaire de Reims et directeur du Centre théologique pour les laïcs,
1977-1985 : Membre du Conseil Provincial de France,
1980-1986 : Supérieur du Séminaire Saint-Irénée de Lyon-Francheville.

Nommé évêque le 24 août 1985, il a été ordonné le 3 novembre suivant.

1985-1988 : Evêque-coadjuteur de Périgueux,
1988-2004 : Evêque de Périgueux et Sarlat.

Depuis 2004 : il était en résidence à Lisieux, puis chez les Petites Sœurs des Pauvres à Caen.


Après la belle célébration présidée à Lisieux par Monseigneur Jean-Claude Boulanger, évêque de Bayeux-Lisieux, le jeudi 29 octobre, le lendemain, vendredi 30, la cathédrale Saint-Front de Périgueux accueillaient son ancien évêque. La célébration de ses funérailles fut belle. Présidée par l'évêque du diocèse, Monseigneur Philippe Mousset, concélébrée par de nombreux prêtres et évêques, elle a rassemblé les catholiques du diocèse autour de celui qui en fut le pasteur de 1985 à 2004.
Je publie ici l'homélie de Monseigneur Michel Mouïsse, évêque de Périgueux de 2004 à 2014.


30 octobre 2015
Homélie

2 Cor 3, 17-18 / 4, 1-3 et 5-10
Jn 17 1-3, 24-26


La parole de St Paul dans la 1ère lecture que nous venons d’entendre traduit à merveille le mystère de la vie d’un apôtre.
« Ce n’est pas nous-même, mais Jésus-Christ Seigneur que nous proclamons. Quant à nous-même nous nous proclamons vos serviteurs à cause de Jésus. »

Frères et sœurs,
Chers amis,

L’Apôtre est un serviteur… à cause de Jésus ; son Service et sa mission c’est de proclamer la Bonne Nouvelle de la Résurrection du Seigneur.

Mais cela n’est possible que parce que son histoire est celle d’un amour partagé.
Au jour de sa jeunesse il a été saisi par le Seigneur et le « viens et suis-moi » a retenti en lui et a trouvé peu à peu sa réponse.
Et sans doute ne savait-il pas où cet amour de prédilection le conduirait.
Il lui suffisait de savoir simplement en qui il avait mis sa confiance.

***
Apôtre du Christ sa vie devient alors service… et dans ce service les heures de ténèbres, les faux pas d’un ministère pastoral difficile, le poids du tempérament, les limites de la santé, rien ne saurait enlever à l’apôtre cette certitude que Dieu est fidèle et qu’Il ne cesse, tel un potier, de modeler celui qu’il appelle. Et dans la prière, l’écoute attentive de la Parole de Dieu, il lui parle comme un ami parle à son ami. Aussi il ne cesse de rendre grâce et son action de grâces s’achève en Eucharistie quotidienne dans l’accueil du Dieu qui continue en son fils Jésus-Christ à se livrer comme un pain partagé.

***
« Ce trésor nous le portons dans des vases d’argile » nous dit toujours Saint-Paul.
Car l’apôtre se sent et se sait faible et fragile.
Il a conscience que sa mission le dépasse infiniment.
Il a le sentiment de sa pauvreté et de sa finitude jusqu’au moment de la mort, où ses mains sont vides et son cœur plein de l’amour dont il a été un témoin émerveillé en lui et chez ses frères.
Il peut reprendre alors la prière de Jésus entendue, il y a quelques instants dans l’Évangile.
« Ils ont reconnu eux aussi que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaitre ton nom et je le ferai connaitre encore pour qu’ils aient en eux l’amour dont tu m’as aimé et que, moi aussi, je suis en eux »
Car l’apôtre fait corps et cœur avec le peuple qu’il sert.
« Je t’ai fait veilleur de mon peuple » dit le prophète Ézéchiel.
Le veilleur se doit de rappeler à la communauté que Dieu la convoque pour l’écoute de la Parole et pour l’Eucharistie ; que Dieu l’envoie pour qu’elle témoigne de la Bonne Nouvelle du Christ Ressuscité.
Accueillant à tous, il se fait proche des plus pauvres.

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Frères et sœurs, chers amis,
Ce portrait de l’apôtre, l’Esprit Saint l’a tracé dans la vie de Mgr Poulain tout au long de son existence et de son parcours apostolique ; depuis sa formation à Saint-Sulpice, puis comme professeur et supérieur de Grand Séminaire qui avait fait de lui un théologien reconnu dans l’épiscopat et dans le dialogue qu’il affectionnait avec le judaïsme… puis, pasteur, ici dans notre beau diocèse à la suite de Mgr Patria : que de travail accompli -comme l’a évoqué au début de la célébration, mon frère et ami Philippe Mousset- en particulier le synode de 1995, la création des nouvelles paroisses et le centre de Temniac dont j’ai bénéficié en prenant le relais. Et puis son ministère à Lisieux où il a été si heureux, et c’est peut-être un clin d’œil de Ste Thérèse et de Louis et Zélie Martin que de l’avoir appelé au moment de l’évocation même de la vie de ces derniers par un son et lumière sur la basilique de Lisieux ; et nous nous réjouissons de la présence parmi nous de l’Evêque de Lisieux et du Recteur de la Basilique.

Qui n’a pas apprécié la qualité de son accueil, la finesse de son jugement, son amour passionné du Christ et son sens de l’Église surtout lorsqu’elle a été durement éprouvée et en particulier lorsque les responsables de l’Église en France l’ont chargé d’une mission délicate et difficile auprès de l’un de ses frères évêque.

***
« Je ne meurs pas, j’entre dans la vie » disait Thérèse de l’Enfant Jésus que Mgr Poulain aimait tant.
Pour lui, ces derniers temps, cette entrée dans la vie fut aussi une entrée dans la nuit, bien soutenu et aidé par les petites sœurs des pauvres de Caen et par sa famille qui comptait tant pour lui et à qui je tiens à dire personnellement ma fraternelle amitié.
Oui, cher Père Poulain, qui m’avez si bien accueilli et soutenu lors de mon arrivée en Périgord, dans la douce lumière de la fête de Toussaint toute proche, nous rendons grâce maintenant au Seigneur pour le don qu’Il a fait à l’Église de votre sacerdoce et de votre épiscopat.
Beaucoup ont communié au pain que vous avait fait de vos mains et de votre cœur de prêtre et d’évêque, devenu par la puissance de l’Esprit Saint, corps du Christ pour son peuple et parmi eux spécialement ceux qui ont reçu de vous l’ordination sacerdotale et qui vous entourent aujourd’hui.

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La nuit est tombée,
Le matin est venu.
« Je ne meurs pas, j’entre dans la vie ».
Avec Thérèse, cher Père Poulain, c’était votre certitude, c’est aussi la nôtre.
C’est la foi de l’Église qui réjouit et comble nos cœurs.

+ Michel MOUÏSSE
Évêque émérite de Périgueux et Sarlat
Chapelain à N. D. de la Garde à Marseille



Nous rendons grâces à Dieu pour le prêtre, le confrère sulpicien, l’évêque qu’il a été.

« Bon et fidèle serviteur, entre dans la joie de ton maître ! » (Mt 25, 21)