« Voyez-vous dans un obscur vallon des Pyrénées un enfant ramenant le soir un petit troupeau dans une pauvre chaumière [...] Voilà le réformateur du clergé français ; [...] voilà celui qui de concert avec les Bérulle, les Bourdoise, les Olier, rendra à notre Église de France son antique splendeur. »

- Emmanuel d'Alzon, Panégyrique de Saint Vincent de Paul -

jean jacques olier issyJean-Jacques Olier [1608-1657], fondateur de la Compagnie de Saint-Sulpice en 1641 et Curé de la paroisse Saint-Sulpice de 1642 à 1652

 

Le 2 avril 1657, il y a donc 355 ans, Jean-Jacques Olier, prêtre fondateur de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice, est retourné à Dieu, après une vie rayonnante et bien remplie.

Le jeune prêtre
Jean-Jacques Olier est né le 20 septembre 1608 dans la famille d'un haut magistrat. A 14 ans, il reçoit la bénédiction de l'évêque François de Sales qui l'impressionne profondément.   Destiné à l'Eglise, il s'exerce comme prédicateur dans le style mondain de l'époque, à la fin de ses études. Mais au cours d'un voyage à Rome, il se rend en pèlerinage au sanctuaire de Notre Dame de Lorette. C'est le point de départ d'une profonde conversion intérieure.
Il est ordonné prêtre le 21 mai 1633. Très lié à saint Vincent de Paul, son premier directeur spirituel,  il participe aux « Conférences du mardi », et dès 1634 à des missions d'évangélisation organisées dans les campagnes françaises. En 1635, il prend pour directeur spirituel un disciple du cardinal Pierre de Bérulle, Charles de Condren, qui va fortement influencer son cheminement spirituel.

 

Le curé de Saint-Sulpice
En juin 1642, il est nommé curé de la paroisse Saint-Sulpice à Paris. Il accepte cette charge contre le gré de sa famille qui envisage pour lui une carrière plus prestigieuse.
La tâche est importante : la paroisse s’étend jusqu’à Vaugirard. Une réorganisation s'impose et l'activité pastorale se développe, privilégiant deux domaines prioritaires, le catéchisme et le service des pauvres. Les réformes portent leurs fruits et la paroisse devient bientôt un centre très actif de la vie chrétienne à Paris. Simultanément, il mène des actions pour améliorer la qualité de la liturgie. Ces actions accompagnent un autre dessein d'envergure : le remplacement de l'ancienne église, trop petite. J.-J. Olier jette les fondements d'un nouvel édifice, l’actuelle église Saint-Sulpice, commencée de son vivant, mais terminée longtemps après sa mort. En juin 1652, il tombe gravement malade et doit démissionner de sa charge. Il se consacre désormais à l'oeuvre des séminaires et à la composition d'ouvrages de piété et de spiritualité.

 

Le créateur du séminaire Saint-Sulpice
Fondé à Vaugirard en décembre 1641, le séminaire est déplacé à Saint-Sulpice à la suite de la nomination de Jean-Jacques Olier à la cure de cette paroisse et  il sera connu sous le nom de séminaire Saint-Sulpice.
C'est sous l'influence du père de Condren et, à travers lui, du cardinal de Bérulle -qui voulait « restaurer l'état de prêtrise » alors si dégradé – que J.-J. Olier décide de se consacrer à la formation des prêtres. A cette époque, d'autres projets similaires sont d'ailleurs lancés en France, dans l'esprit du Concile de Trente. Mais le sien est l'un des premiers à aboutir durablement.
Il répond à une conception originale du séminaire, car il s’adresse à des personnes adultes et présente deux caractéristiques essentielles : une initiation progressive à la vie spirituelle et une vie de communauté réelle (la « communauté éducatrice ») entre les séminaristes et leurs formateurs. Une ou deux années d'études supplémentaires sont prévues pour ceux qui à leur tour veulent devenir Sulpiciens. Ce séminaire va servir de modèle à la formation du clergé catholique en France et en Amérique. Des générations de prêtres s'y formeront.

 

Le fondateur de la Compagnie des Prêtres de Saint-Sulpice
Le séminaire acquiert très tôt une grande notoriété et plusieurs évêques (Nantes, Viviers, Clermont, Le Puy...) demandent que des établissements semblables soient fondés dans leurs diocèses, sous la direction de prêtres de Saint-Sulpice.
C'est là l'origine de la Compagnie, qui s'identifie donc à celle du séminaire. Comme J.-J. Olier l'expose lors de l'Assemblée générale du Clergé en 1651, il ne s'agit pas d'un ordre religieux, aux membres liés par des vœux, mais d'une société de prêtres diocésains, réunis pour une mission propre au sein de l'Eglise : la formation des prêtres. A peine plus tard, des Sulpiciens vont participer à l’évangélisation du Canada et à la fondation de Montréal. C'est le début d'un mouvement missionnaire qui sera également lancé en direction de Baltimore (Etats-Unis) en 1791, puis au XXe siècle en Extrême-Orient, en Amérique latine et en Afrique.
Aujourd'hui, la Compagnie, organisée en trois « provinces », a la charge de nombreux séminaires et participe à la formation de prêtres en France, au Vietnam, au Congo, en Zambie, au Bénin, au Canada, aux Etats-Unis, en Colombie, au Brésil et au Japon. Elle dessert de nombreuses paroisses dans le monde, dont la paroisse Saint-Sulpice à Paris.

 

Le maître spirituel
Jean-Jacques Olier est reconnu comme un des grands spirituels du XVIIe siècle. Il a laissé un certain nombre d'ouvrages qui exposent son enseignement : Catéchisme chrétien pour la vie intérieure, Introduction à la vie et aux vertus chrétiennes, La Journée chrétienne, Traité des Saints Ordres...
Ses oeuvres prônent le renoncement à soi et l'abandon à l'Esprit-Saint (« Se laisser à l’Esprit » est une expression chère à J.-J. Olier). Elles indiquent les voies pour y parvenir : la méditation de l'Ecriture sainte, l'Eucharistie, l'oraison et la direction spirituelle, piliers de la pédagogie sulpicienne. La dévotion à la Vierge Marie y tient également une grande place.
Cette doctrine et ses applications s'articulent autour d'un grand courant de réflexion, connu comme l'Ecole française de spiritualité, dont font partie le cardinal de Bérulle, le père de Condren et saint Vincent de Paul. L'action de J.-J. Olier est ainsi intimement liée au grand mouvement de rénovation chrétienne qui se développe en France au XVIIe siècle, après les débats et les dégâts considérables des guerres de religion.

 

L'hôte du Séminaire à Issy
A partir de 1640, Jean-Jacques Olier effectue plusieurs séjours à Issy, chez l'un de ses amis, Antoine de Sève, aumônier du roi et propriétaire de l'ancien domaine isséen de la reine Marguerite de Valois. Après son achat en 1655 par Alexandre Le Ragois de Bretonvilliers, membre du Séminaire et nouveau curé de Saint-Sulpice, cette maison de campagne s'ouvre largement aux Sulpiciens et à leurs disciples pour qu'ils puissent se reposer, travailler ou prier au calme. J.-J. Olier continue à y venir en familier. Il y passe les dernières semaines de sa vie : frappé d'une attaque le 26 mars 1657, il meurt le 2 avril à Paris. Bretonvilliers, par testament, laissera à la Compagnie de Saint-Sulpice la propriété d'Issy avec une double affectation : lieu de vacances du Séminaire, d'une part, et lieu de préparation des « Solitaires », futurs Sulpiciens, d'autre part. Le séminaire deviendra ainsi le cadre privilégié de la Solitude, comme en témoigne encore la Maison actuelle, située rue Minard.

 

 

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